ÉTUDE - L’Ugict-CGT publie une enquête inédite qui offre un panorama complet sur les conditions de travail durant le confinement : 34.000 réponses de salariés de tous statuts et secteurs professionnels, dont une majorité de non syndiqués, ont été recueillies en ligne entre le 8 et le 24 avril.
Il y a les salariés sur site, en présentiel. Ceux qui sont en télétravail. Et ceux qui sont au chômage partiel. Si l’impact du confinement se traduit de façon très variée en fonction de la situation de chacun, un point commun : les modes de fonctionnement mis en place depuis le début de la crise du coronavirus sont très dégradés.
C’est ce que montre une grande enquête menée auprès de 34.000 salariés, du privé et du public, par l’Ugict-CGT et les statisticiennes et statisticiens CGT de la DARES et de la DREES : "Le travail sous épidémie (TrEpid) : une enquête nationale".
Dans tous les cas, montre l’enquête, les salariés ont déjà commencé à subir les conséquences de cette crise : 55% des cadres ont ou vont perdre des congés ou RTT, tout comme 50% des professions intermédiaires et 45% des ouvriers et employés. Un tiers des cadres et des professions intermédiaires notent par ailleurs une augmentation de la charge de travail, une hausse particulièrement forte chez les encadrants. Le temps de travail s’accroît également fortement, spécialement chez les ouvriers et employés. Des résultats peu étonnants : le travail s’est en effet intensifié dans de nombreux secteurs comme l’agroalimentaire, le commerce, la santé. Sauf que cette augmentation de temps et de la charge de travail s'est faite sans rémunération supplémentaire.
Mais surtout, et c'est une conséquence de la difficile situation économique, un "chantage à l’emploi commence", note l’étude. Un tiers des salariés du privé craignent pour leur emploi, notamment les précaires (en CDD ou intérim), et cette inquiétude touche les cadres, aussi bien que les ouvriers et employés. Des entreprises jouent parfois sur cette crainte, comme le raconte Thomas, installateur thermique et sanitaire, dans l'étude : "Nous, l'ensemble des 3 salariés de la boîte, avons été convoqués pour une reprise du travail le 15 avril. Malgré mes demandes d'information rien ne me parvient avant le mercredi matin en question à l'entrepôt : nous reprenons le travail, sans masque, avec deux paires de gants chacun (qui se déchirent en une heure environ) pour la journée. Après avoir signalé au patron de la boîte que les conditions de travail ne sont pas sécurisantes, nous avons le droit à une réunion le soir même lors de laquelle il nous a été dit que soit on continue comme ça soit on peut quitter la boîte."
Difficile situation des salariés en chômage partiel
Le confinement marque aussi, selon l’étude, une généralisation du non-respect du droit du travail, pour les trois catégories de travailleurs, ainsi que des conditions de travail dégradées. Sur site, les salariées travaillent parfois sans mesures de protections suffisantes : plus d’un tiers des employeurs n’ont pas mis en place de distance de sécurité d’au-moins un mètre entre les personnes, ni de masques et gants en quantité suffisante, ni encore de moyens de désinfection des surfaces. Trois salariés sur 10 ayant continué à travailler sur site estiment d’ailleurs que leur activité n’est pas ou peu essentielle en période de crise sanitaire. 10 % des répondants en présentiel estiment que leur activité pourrait en fait s’exercer intégralement en télétravail.
Les salariés placés en chômage partiel vivent aussi des situations difficiles. Plus de la moitié d'entre eux ont perdu des revenus depuis le début du confinement. Ce qui, en soi, n’est pas si étonnant, puisque le salaire est pris en charge à 84% du salaire. Mais, note l’étude, les exonérations de cotisations pour les entreprises continuant à rémunérer leurs salariés à 100% auraient dû leur permettre de maintenir intégralement les salaires. Les plus touchés par cette baisse de salaire sont, qui plus est, les salariés ayant les salaires les plus faibles, les ouvriers et employés qui sont les plus nombreux à être en chômage partiel, et pour qui une brutale chute de revenus est d’autant plus compliquée. Mais surtout, l'étude met en lumière des pratiques limites, voire frauduleuses de la part de certaines entreprises : 31 % des salariés en chômage partiel ou en arrêt maladie ont dû continuer à travailler malgré le chômage partiel total ou l’arrêt maladie, dont 10% déclarent l’avoir fait souvent ou tout le temps, une pratique illégale.
Les conséquences du télétravail pas encadré
Pour ceux qui sont en télétravail, là aussi le mode dégradé fonctionne à plein. L’étude note que "peu ou pas d’aménagements" ont souvent été mis en place par l’employeur : près d’un répondant sur 4 dit qu’aucune mesure n’a été prise. Que ce soit sur le matériel (pas de mise à disposition de l’équipement informatique, ordinateur, téléphone, logiciel) pour 35% des répondants, l'absence de prise en charge des frais de connexion et des logiciels pour 84% des sondés, celles d’équipements de travail ergonomiques (fauteuils, repose pieds…) pour 97 % des sondés. Mais aussi sur des règles encadrant la pratique : pas de mise en place d’un droit à la déconnexion pour garantir les périodes de repos pour 8 répondants sur 10. Ainsi également, 82% n’ont pas eu de définition de plages horaires précises pour être joignable, pas de réduction de temps et charge de travail pour les parents d’enfants de moins de 16 ans pour 83 % des répondants.
Ces mauvaises conditions de travail pèsent. Un tiers des salariés notent une augmentation de la charge de travail, 81% des télétravailleurs qui ont des enfants doivent les garder tout en télétravaillant, ce qui concerne d’abord les femmes. Ce sont aussi, un manque d’échanges et d’informations avec la hiérarchie, une surcharge de travail, une perte de sens et de qualité, une surabondance d'informations difficiles à traiter. 18 % disent avoir eu des difficultés à appliquer des consignes inappropriées ou contradictoires. Les managers sont particulièrement peu épargnés, pris entre deux feux, faisant face aux mêmes problématiques, mais devant en plus superviser le travail des salariés et faire le lien avec la hiérarchie.
Un "cocktail de risques psycho-sociaux inquiétant"
Au final, tout cela crée un "cocktail de risques psycho-sociaux inquiétant", sur lequel l'étude jette l'alerte, notamment une dégradation de la santé physique et mentale : 44 % des sondés disent ressentir des douleurs physiques inhabituelles (mal de dos, nuques, poignets, yeux…) et 35% une anxiété inhabituelle. Mais dans le même temps, 43% disent ressentir un sentiment d’autonomie et de liberté, ce qui concerne un salarié sur deux des très grandes entreprises privées… ce qui en dit long sur la dégradation des conditions de travail et de management en présentiel, estime encore le rapport.
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