NÉGOTRAINING – C’est un fait, les femmes négocient moins leur salaire que les hommes. Au point que ces derniers gagnent en moyenne 23% de plus. A Nantes, une formation a donc été lancée pour aider les femmes à négocier.
Savoir se vendre. Savoir se placer. Savoir négocier une augmentation. C’est tout un art. Un art qui réussit davantage aux hommes qu’aux femmes. Alors il faut former ces dernières. C'est le constat de Négotraining, une formation lancée à Nantes, pour apprendre aux femmes... à négocier. Pour qu'elles osent.
De multiples études le disent : les femmes sont moins enclines que les hommes à initier des négociations de salaire, avant l’embauche ou une fois en poste. En février 2016, un rapport de RégionsJob montrait ainsi qu’un tiers des salariés français (31%) avait obtenu une augmentation de sa rémunération au cours de l’année précédente, contre un quart des salariées. Un autre sondage, mené auprès de jeunes diplômés de MBA en 2013, avançait qu’un garçon sur deux avait négocié son salaire à l’embauche, contre une fille sur huit. Le baromètre Trendence indiquait quant à lui en 2015 un écart femmes/hommes de 15% dans les prétentions salariales exprimées au moment du recrutement.
Pourquoi les femmes négocient moins leur salaire
Les femmes sont-elles moins armées que les hommes pour négocier leur salaire ? Se mettent-elles moins en avant ? Ont-elles moins confiance en elles ou s’agit-il d’une problématique plus large ? Sur les causes profondes, plusieurs thèses s’affrontent : différence d’attentes entre les sexes, manque du sentiment de droit ou d'affirmation de soi pour négocier, voire impact des influences et stéréotypes de genre.
Une chose est sûre en tout cas : l'impact est direct sur l’égalité salariale. Tous temps de travail confondus, les hommes gagnent 23% de plus, relevait en mai 2016 l’Observatoire des inégalités. Il estimait que 10% des écarts étaient "inexpliqués" et relevaient d’une discrimination "pure". Au point qu’au total, sur une vie de travail, cette différence salariale, à poste égal, peut représenter jusqu’à 300.000 euros en moins pour une femme. Et plus le salaire est élevé, plus l'inégalité salariale augmente, révélant ainsi une autre différence, entre catégories sociales : les femmes cadres supérieurs et chefs d'entreprise gagnent 26, 3% de moins. L'écart le plus faible se trouve parmi les employés : - 9, 3%.
Objectif : donner les clés de la négociation
C'est donc pour inverser cette tendance que l'Audencia Business School, soutenue par la métropole nantaise, a lancé il y a un an un programme de formation à la négociation salariale pour les femmes, baptisé Négotraining. "Négocier votre salaire, c’est une démarche que vous pouvez faire non seulement pour vous-même, mais aussi pour contribuer concrètement à la question de l’inégalité salariale entre les femmes et les hommes", indique son guide.
Cette formation, gratuite, consiste en modules de 3 heures, en groupe de 10 à 15 personnes. Elle est animée par des experts de l’égalité professionnelle. Via des échanges ou des simulations d’entretiens, sont explorés plusieurs points : connaître sa valeur, comment être en position favorable à la négociation et en maîtriser les stratégies. "L’objectif est de donner les clés d’une négociation réussie, englobant le salaire, mais aussi la rémunération variable, la flexibilité du temps de travail", explique Négotraining.
Un an après, un gros succès
Quelques semaines après le lancement, a surgi l’affaire Weinstein. Et la formation a alors bénéficié d’un gros retentissement médiatique. Un an après, elle est toujours là et affiche un vrai succès. 750 femmes ont été formées et la secrétaire d’Etat chargée de l'Egalité entre les hommes et les femmes, Marlène Schiappa, vient d’annoncer son soutien à cette "formation émancipatrice", devenant marraine de la première promotion.
Surtout, le dispositif répond à un vrai besoin : les postulantes sont nombreuses, au point que 500 femmes sont sur la liste d’attente pour les prochains ateliers, qui se déroulent fin octobre et en décembre. Et les retours sur les 100 premières participantes donnent une idée des profils : elles sont toutes en poste, généralement cadres ou professions intermédiaires -des catégories socio-professionnelles particulièrement touchées par les différences salariales. Six mois après leur formation, 56% ont négocié, dans le cadre de leur poste actuel ou d’un entretien d’embauche. 40% ont obtenu une augmentation, 15% une prime et 9% une promotion interne.
D’ici fin 2018, annonce Audencia, 1.000 femmes auront été formées, puis 5.000 fin 2020. Et le modèle, basé par la force des choses en Loire-Atlantique et qui attire donc de fait plutôt dans le bassin de population, pourrait s’exporter : de nombreuses régions sont intéressées.
> Tous les détails sur responsabilite-societale.audencia.com/formation-et-accompagnement/negotraining
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