ASPIRATIONS - Coup sur coup, deux études convergentes esquissent le portrait de l'entreprise qu'attendent nombre d'employés, dont beaucoup se disent aujourd'hui insatisfaits. Des attentes accélérées par la crise, mais pas forcément compatibles avec un marché du travail tendu.
Un tiers des Français ne sont pas heureux au travail. C'est la conclusion d'une étude YouGov pour Chance, une plateforme de coaching en ligne spécialisée en reconversion professionnelle. Principale raison de cette insatisfaction, l'équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle, une demande que n'a fait que renforcer la période de confinement et la crise du Covid de manière générale, jouant là encore un rôle d'accélérateur, et de remise en question.
Selon l'étude, 75% des actifs seraient prêts à changer d'employeur pour gagner en qualité de vie. 30% se disent aujourd'hui en recherche d'un nouvel emploi dans cette voie, ils sont même 40% en Île-de-France. Mais au-delà de l'équilibre, la crise a propulsé les employés dans une grande quête de sens, la principale chose qui manque à leur job du moment, pour 63% des sondés.
La confiance comme valeur cardinale
Des aspirations que l'on retrouve dans une autre étude, conduite dans une dizaine de pays pour Salesforce, le géant américain des logiciels d'entreprise dans le cloud. Pour Olivier Derrien, son directeur général en France, ces aspirations soudaines sont bien nées de la crise sanitaire. "Il faut réaliser que moins de 5% des employés français avaient déjà, au début du confinement, les outils qui leur permettaient de travailler chez eux en accédant aux applications et aux données de leur entreprise, comme s'ils avaient été au bureau", explique-t-il à LCI.fr. De fait, dans l'enquête, 36% des sondés expliquent aujourd'hui encore n'avoir pas à disposition les outils qui leur permettraient de télétravailler efficacement.
Une fracture plus managériale que purement technique. "Beaucoup ne parlaient jusque-là du télétravail que sous l'angle de l'expérimentation, avec en fait la confiance comme principal obstacle", s'agace Olivier Derrien. "Or, si le patron met des logiciels espions sur votre ordinateur, c'est qu'il n'a rien compris. Dans la nouvelle configuration du travail, la confiance devient valeur numéro un , c'est elle qui conditionne tout, tant l'évolution des métiers que l'égalité hommes-femmes." Dans l'enquête de Salesforce, 52% des employés sondés pensent que le travail à distance deviendra la norme.
On voit un nouvel équilibre en train de se dessiner, moi j'ai des employés qui me disent qu'ils vont aller habiter Menton ou Étretat, et qu'ils viendront au bureau à Paris un ou deux jours par semaine.
Olivier Derrien, Directeur Général Salesforce France
L'autre grand enseignement de l'étude, ce sont les missions dont les sociétés sont désormais investies par leurs troupes. Au-delà du bien-être au travail, c'est une responsabilité sociétale qu'ils leur assignent, les voyant à 63% comme les mieux placées pour répondre aux défis des inégalités dans le monde, et à 72% pour opérer les changements de comportement qu'exige le changement climatique.
"C'est un peu la croisée des chemins du capitalisme qu'on a connu depuis 50 ans", conclut Olivier Derrien, "Il y a cinq ans encore, beaucoup se concentraient sur le profit des actionnaires, on voit bien aujourd'hui à quel point les aspirations ont évolué, les entreprises doivent vraiment avoir des objectifs qui englobent toutes les parties prenantes, clients, employés, mais aussi la planète. Ce sera vite une condition essentielle pour attirer les talents, et pour pouvoir se développer." Avec comme écueil, sur un marché de l'emploi sinistré, que toutes ces aspirations ne soient pas le seul apanage des professions et des compétences les plus demandées.
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