DÉBAT - Une enquête OpinionWay pour Horoquartz montre que 8 salariés sur 10 réclament plus de souplesse. Une attente qui semble faire consensus quels que soient leur âge, le sexe, le secteur d’activité, le statut et le lieu de résidence. Selon un consultant en bien-être au travail, les employés seraient alors autant voire davantage productifs en travaillant moins longtemps.
Aujourd’hui, le salarié doit être flexible, s’adapter, changer. Et… si cette flexibilité se retrouvait aussi dans les horaires de travail ? Une enquête OpinionWay pour Horoquartz, un éditeur de logiciels RH, montre en effet que ce serait une "attente massive" des salariés : alors que près d’un sur deux ne dispose d’aucune latitude sur ses heures d’arrivée et de départ du travail, ils sont 81% à réclamer plus de souplesse. Et ce, quels que soient l’âge, le sexe, le secteur d’activité, le statut ou le lieu de résidence.
Contrairement aux idées reçues, ce ne sont pas les moins de 30 ans qui demandent le plus de flexibilité mais davantage la "génération sandwich", des 40-60 ans (83%). "C’est un âge où les contraintes personnelles sont plus fortes", souligne Thierry Bobineau, directeur marketing d’Horoquartz. "Les salariés sont coincés à la fois entre des enfants, scolarisés ou pas tout à fait autonomes, et des parents âgés, parfois dépendants. Ils expriment ici des difficultés à concilier contraintes personnelles et vie professionnelle". Les femmes sont d'ailleurs plus nombreuses (85%) à réclamer plus de souplesse dans les horaires de travail que les hommes (77%). "Ce chiffre est parfaitement corrélé au fait d’avoir des enfants à charge où l'on observe exactement le même écart (8 points)", indique l’étude.
Des nuances suivant les secteurs
Les attentes de souplesse sont les plus fortes dans les transports (82% des salariés), les services aux particuliers (83%), la banque-assurance (84%) et le BTP (86%). À l’inverse, l’éducation, la santé, l’industrie, et l’énergie sont des secteurs dans lesquels cette flexibilité est moins demandée. Un résultat qui peut étonner, dans ces domaines très contraints côté horaires. "Cela peut traduire une forme de sens de la réalité de la part des employés concernés, dans la mesure où les horaires pourront difficilement devenir plus souples, on exprime moins d’attente à ce sujet", analyse Thierry Bobineau.
Il n'existe pas non plus de lien systématique entre le nombre d’heures travaillées et la demande de flexibilité dans les horaires. Ainsi, le secteur de l’énergie où les salariés sont les plus nombreux à rapporter travailler plus que ce qui est mentionné dans leur contrat de travail (50% des sondés) est également celui où l’attente de flexibilité est la moins visible (75%). Inversement, dans les transports, où "seulement" 37% des salariés mentionnent des dépassements d’horaires : ce secteur fait partie du trio de tête où cette attente de souplesse est souhaitée.
Contrer la culture du présentéisme
A l’heure du télétravail, qui chamboule les habitudes, cette question des horaires commence à revenir régulièrement dans les débats, tout en étant freinée par une forte culture du présentéisme à la française. Dans son livre "Tous gagnants : les bonnes pratiques pour passer de l'intention à l'action", Gilles André, consultant autour du bien-être au travail, assure qu'"aller de l'avant en autorisant les collaborateurs à organiser leur temps comme ils le souhaitent, tout en respectant les règles assurant le fonctionnement collectif, bien sûr, permet à chacun(e) d’adapter ses journées selon ses impératifs personnels et professionnels". "Il est prouvé que les gens peuvent être tout aussi productifs voire davantage lorsqu’ils travaillent moins longtemps ; et ces études montrent qu'on est plus détendu, plus créatif et plus productif quand on a la sensation de maîtriser son temps !", écrit-il dans un billet sur Linkedin.
A chaque organisation de trouver la formule qui correspond à ses activités. Le consultant recommande de prévoir des tranches horaires obligatoires de manière à ce que chacun puisse continuer à échanger avec n’importe lequel ou laquelle de ses collègues le plus régulièrement possible. Gilles André cite ainsi l'exemple d'un gros cabinet de services, qui impose à tous ses salariés d’être présents physiquement deux heures le matin entre 9 h et 11 h. "Liberté totale pour le reste de la journée, tant que le boulot est bien fait !"
Pourquoi faire acte de présence alors que le travail est déjà fait et fini ?
Eva, sur Linkedin
Sur Linkedin, le sujet séduit, fait parler. "Pourquoi ne pas autoriser le personnel à quitter son travail tout simplement quand celui-ci est terminé, quelle que soit l’heure ? Pourquoi faire semblant alors que le travail est déjà fait et fini ? Toujours difficile dans les entreprises d'aujourd'hui", approuve Eva. "J'étais assez mal perçue quand je voulais commencer ne serait-ce que 1 heure plus tôt pour finir 1 heure plus tôt. Parce que j'avais encore 1 h de transport en commun devant moi et ma famille qui m'attendait. Pouvoir faire ça était déjà un privilège et exception."
Virginie, elle, n'en peut plus d'entendre "mais tu sais il travaille beaucoup, il part à 19 h" : "nous sommes encore dans la culture "celle ou celui qui part le plus tard est celle ou celui qui travaille le plus" mais c'est archi faux !", estime-t-elle. "On peut être très efficace et productif en 5 ou 6 h !" "Il faut en effet oser bousculer les codes. Qualité et non pas quantité = efficacité", dit Stéphanie. "Vivement que l’intelligence managériale s'ouvre à ce genre de pratique où la confiance et la mise en responsabilité de chacun priment sur le besoin de contrôler et maîtriser son salarié", abonde Sandrine. "Une bonne idée d'évolution sociétale mais il reste beaucoup de chemin à faire contre le présentéisme et faire changer les mentalités", conclut Jennifer.
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