SALAIRE - Face à la crise, la moitié des DRH envisage, ou a déjà pris des mesures pour réduire les augmentations, révèle une étude menée par Willis Towers Watson.
Les turbulences arrivent. Pour faire face, les employeurs envisagent tous les leviers possibles. Certains ont déjà été actionnés : les politiques d'embauche ont majoritairement gelées, de même que les politiques de rémunérations.
Selon une étude menée par le cabinet de courtage et de conseil Willis Towers Watson, la moitié des DRH envisage en effet -ou a déjà pris- des dispositions pour réduire ou remettre à plus tard des augmentations. Environ un quart anticipe également une réduction de l’enveloppe de bonus annuel, voire des baisses de salaires. Certains secteurs sont durement impactés, notamment le transport ou le tourisme.
Sur les rémunérations, deux aspects se mêlent. D’une part, des engagements pris avant la crise. "Les décisions de fin 2019 devaient entrer en application en 2020, par exemple les bonus", explique à LCI Laurent Termignon, Directeur de l’activité Talent & Rewards chez Willis Towers Watson. "Pour rappel, les entreprises ont des exercices fiscaux calés sur l’année calendaire. S’est donc posée assez rapidement la question de ces bonus, qu’il va falloir payer alors que le carnet de commandes a baissé." En parallèle, intervient aussi la question des augmentations : "Beaucoup de sociétés en accordent une au premier trimestre ou au début du deuxième", précise le consultant. "Et là, très clairement, une première série de réponses a été apportée : décaler les versements de bonus et étaler les augmentations au titre de l’année 2020." Voilà pour les engagements pris avant la crise, et la série de conséquences qui est en train de voir le jour.
Mais se profilent aussi les mois à venir. "Pour l’année 2020, deux sujets compliqués sont à maîtriser", poursuit Laurent Termignon. "Le premier, c’est le financement des bonus au titre de l’année 2020 : comment fait-on pour avoir un minimum de sérénité quand l’année économique n’est pas très bonne ? Les objectifs individuels ou d’équipe, fixés en début d’année, tiennent-ils toujours la route ? Les entreprises sont très clairement confrontées à ces deux questions."
Beaucoup d'entreprises dans le flou
Derrière tout cela, beaucoup d’inconnues sur la stratégie à adopter. "Change-t-on de cap, remet-on à plat les objectifs fixés aux collaborateurs ?", interroge le consultant. "Les entreprises ne se sentent pas très à l’aise avec cette problématique. Certes, on voit que l’horizon s’est dégagé et qu’un peu de lumière réapparaît au bout du tunnel. Mais il reste beaucoup d’inconnues. Une majorité de structures préfèrent donc jeter l’éponge et se disent que d’ici la fin de l’année elles seront plus à même d’apprécier la performance en fonction du contexte".
Le cabinet note cependant plusieurs indicateurs. "Certains dirigeants ont d’ores et déjà annoncé, notamment au sein des grandes groupes du CAC40, qu’ils mettaient de côté tout ou une partie de la rémunération variable au titre de l’année 2020, laissant entendre qu’ils voulaient contribuer à l’effort collectif", note Laurent Termignon. "Cela n'avait pas eu lieu lors de la précédente crise de 2008. Hormis quelques très grandes entreprises américaines, ce genre de décision avait été plutôt inexistantes dans le reste du monde. A l’inverse là, on a vu en France et en Europe des dirigeants de grands groupes très offensifs sur le sujet : cette solidarité très marquée est un peu la nouveauté de 2020."
Les salariés sont lucides sur ce qui est en train de se passer
Laurent Termignon, du cabinet Willis Towers Watson
Un top management qui montre l’exemple, des collaborateurs qui vont sans doute se serrer la ceinture. Mais si la question de la rémunération est sensible, ces efforts ne sont cependant pas si compliqués à accepter. "Certes, il y a un lien fort entre l'engagement des salariés et la rémunération. Mais c’est rarement le premier levier d’engagement. D’autres éléments ont un impact plus important, comme le sens, les relations avec les autres salariés et le top management", note-t-il. "Surtout, les salariés sont tout de même lucides sur ce qui est en train de se passer. La manière dont ils économisent sur le livret A ou encore l’envolée des demandeurs d’emploi - 846 000 de plus pour le seul mois d'avril- montrent leur bonne compréhension. Et la principale inquiétude porte sur le job, plutôt que sur les augmentions."
A noter tout de même : ces considérations sur les rémunérations cachent des écarts notables. "Nous avons parlé des hauts dirigeants, qui sont très impactés. Mais à l’inverse, certaines populations sont beaucoup moins touchées : des tensions sont très fortes pour certains emplois en raison de la très forte demande. Les augmentations sont donc assez conséquentes, notamment tout ce qui touche au digital", relève Laurent Termignon. "Cette crise a en effet renforcé la digitalisation de l’économie, comme dans le secteur de la distribution. Des entreprises ont dû effectuer un virage total, remettre à plat leurs sites, renforcer leur dimension marchande. Il y a donc un fort besoin de compétences digitales."
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