"Génération sacrifiée" ? Comment le gouvernement pourrait soutenir l'emploi des jeunes

Publié le 26 mai 2020 à 18h06
"Génération sacrifiée" ? Comment le gouvernement pourrait soutenir l'emploi des jeunes
Source : AFP

AIDE - Alors que les jeunes seront parmi les premiers à pâtir du marché du travail ralenti, le gouvernement planche sur un plan d'accompagnement pour soutenir leurs embauches et doper l'apprentissage.

Les temps vont être durs pour les jeunes. Entre les stages annulés, les petits boulots disparus, les formations suspendues… les tous fraîchement diplômés vont ensuite débouler sur un marché du travail en panne. S'ils ont été épargnés par le virus Covid-19, ils sont en revanche en première ligne face à la crise économique qui se dessine.

Et de cela, tout le monde en est bien conscient. La vague 15 du baromètre des Décideurs, réalisée ce lundi par Viavoice pour HEC Paris, Le Figaro et BFM Business, montre ainsi que 82% des décideurs et 80% du grand public pensent que les jeunes qui "vont chercher un travail en septembre auront plus de mal à décrocher leur premier job que les générations précédentes". 

Sept pistes

Face à cette situation compliquée, Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie, a appelé à faire de l’emploi des jeunes une priorité nationale", pour éviter une "génération sacrifiée", pour reprendre les mots de sa secrétaire d'Etat Agnès Pannier-Runacher, ce mardi sur BFM Business.

Un plan global pour les jeunes devrait donc être dévoilé avant l’été, proposant des mesures pour faciliter l'apprentissage et l'emploi. "L’emploi des jeunes est une priorité absolue du plan de relance, avec trois objectifs : éviter le décrochage  en lycée professionnel, renforcer la voie professionnelle et l’apprentissage et faciliter l’entrée sur le marché du travail", a de son côté précisé Gabriel Attal, secrétaire d’Etat auprès du ministre de la Jeunesse dans Les Echos ce mardi. Plusieurs grandes pistes se dessinent.

Relancer la voie professionnelle ?

Gabriel Attal évalue à 15% la proportion de jeunes en voie professionnelle qui ont décroché durant le confinement. Il indique avoir décidé, avec le ministre de l’Education Jean-Michel Blanquer, d’ouvrir une partie des lycées professionnels dès cet été afin que les jeunes "renouent avec la pratique professionnelle, tout en leur apportant une ouverture culturelle et sportive".  

Soutenir l'apprentissage ?

Sur le fond, tout le monde est d’accord, il faut absolument préserver cette voie d’accès au marché du travail. Alors que l'apprentissage a connu un succès record l'an dernier (hausse des entrées de 16% avec 370 .000 contrats signés), ses promoteurs craignent que la crise ne vienne briser cette dynamique. Comment éviter que les employeurs sacrifient les embauches d’apprentis ? Les pistes semblent encore à l’étude. Le Medef a notamment demandé une aide de 10.000 euros pour le recrutement d'un apprenti avant le 31 décembre, tandis que l'U2P (artisans) suggère "qu'il y ait zéro coût pour une entreprise qui prend un apprenti."

Dans les Echos, Gabriel Attal en appelle à la responsabilité des entreprises : "Elles ont une responsabilité absolue pour préserver la dynamique. Elles ne peuvent pas se mobiliser pour la jeunesse uniquement quand tout va bien."  Selon lui, elles doivent faire un geste, même si l'Etat semble prêt à donner un coup de main : "L’Etat sera au rendez-vous pour accompagner les entreprises car cet enjeu de formation des jeunes est crucial. Il faut un engagement mutuel des entreprises comme de l’Etat."

L'apprentissage, pourquoi ça marche ?Source : JT 20h Semaine

Des aides de l'Etat ?

700.000 jeunes débarquent à la rentrée sur le marché du travail atone. La question de leurs débouchés est donc essentielle. Là encore, le gouvernement veut montrer qu’il est présent. Cela passera par des investissements  en amont : "L’Etat va investir dans certains secteurs qui auront besoin de jeunes, comme la santé ou la transition écologique", indique Gabriel Attal. Cela passera, aussi, "par un accompagnement des jeunes qui auraient du mal à trouver un emploi" : "Il faut une solution pour chacun d’eux. Si ce n’est pas un emploi dans l’immédiat, cela peut passer par un temps utile et formateur, sous la forme de stages, d’expériences à l’international, VIE (volontariat international en entreprise), VAE (validation des acquis de l'expérience) par exemple ou d’engagement citoyen, via le service civique."

D'éventuelles exonérations de charges ?

Agnès Pannier-Runacher l'a redit sur BFM Business  : "Il faut faciliter l'embauche des jeunes et donc il va falloir prendre des mesures fortes dans cette direction". Cependant, questionnée sur d’éventuelles exonérations de charges pour les entreprises qui embaucheraient des jeunes, elle est restée plus laconique : "Nous verrons".  Parmi les autres propositions qui ont émergé ces dernières semaines, le patron de La République en Marche Stanislas Guérini a évoqué la création d'une "prime à l'embauche", tandis que le député européen EELV Yannick Jadot a préconisé de recréer 300.000 emplois aidés cette année. Pas de réponse pour l’instant. 

Des aides au service civique ?

Gabriel Attal ne le cache pas : ce dispositif peut être un moyen de trouver des débouchés pour les jeunes. Il se dit prêt si nécessaire à augmenter son budget. "Avant la crise, l’objectif portait sur 145.000 contrats avec plus de 470 euros d’indemnités pris en charge par l’Etat, et une centaine par l’organisme d’accueil. Nous pourrions envisager un élargissement conséquent de ce dispositif, qui bénéficie d’un bon taux d’insertion dans l’emploi."

Une ouverture des critères d’ouverture à l’assurance chômage ?

Là encore, Gabriel Attal reste évasif, précisant que la question de l’assouplissement de l’accès des jeunes à l’assurance chômage est un dossier porté par le ministre du Travail. "Mais il est vrai qu’il concerne fortement les jeunes, notamment les saisonniers", dit-il.

Vers une extension du RSA pour les jeunes ?

La proposition a notamment été suggérée par Stanislas Guérini. Mais Gabriel Attal ne se dit pas favorable à ce type de démarche -pour rappel, le RSA est accordé aux personnes d'au moins 25 ans. "Ce serait se placer dans une position de défaite", explique-t-il aux Echos. "Aucun jeune ne grandit avec les minima sociaux comme horizon. Il faut se battre en apportant un accompagnement à chaque jeune, avec un soutien financier quand c’est nécessaire." 

 Pour cela, il évoque la Garantie jeunes,  un dispositif qui  permet d'accompagner ceux en situation de grande précarité vers l'emploi, notamment via une aide de 497 euros sur 18 mois au plus. Elle a concerné 100 000 personnes l’an dernier avec des "taux d’insertion très favorables." .

Le gouvernement envisage-t-il d’augmenter cette aide ? La réponse est floue : "Nous travaillons à plusieurs scénarios d’accompagnement social et financier qui touche davantage de jeunes dans la durée."


La rédaction de TF1info

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