SUCCESSFULL - Quatre chefs de jeunes entreprises en pleine ascension ont dévoilé leurs méthodes lors d'une table ronde organisée au Salon des entrepreneurs. Recrutement, management, financement... voici quelques-unes de leurs recettes.
Pas question pour eux de s'arrêter en si bon chemin. Ils ont créé leur boîte il y a quelques années et ne cessent de la faire grandir. Les patrons de Bureaux à partager (pionnier sur le marché du coworking), de Good Goût (spécialiste des petits plats bio pour bébé), de Selency (plateforme communautaire de mobilier et décoration d'occasion) et de GuestToGuest (leader du secteur de l'échange de maison) n'ont pas seulement eu une bonne idée de départ. Ils ont aussi su donner corps à leur intuition. Invités au Salon des entrepreneurs, qui se tenait les 7 et 8 févier 2018 à Paris, ils ont parlé des freins et des leviers de leur développement. Voici quelques-unes de leurs méthodes -pas toujours académiques- qui pourraient vous donner des idées.
Trouver le bon associé pour être confronté à vos choix
Trouver un associé est un moyen de développer son entreprise et de lui assurer une pérennité plus forte. "Si vous n'avez personne en face de vous pour vous stimuler, vous confronter, c'est dur", explique Mikaël Aubertin, cofondateur de Good Goût en 2009. Si vous n'avez pas d'associé, soyez au moins accompagné par exemple par d'autres chefs d'entreprise qui donnent de leur temps dans le cadre d'un réseau car "quand vous commencez à avoir des employés, les liens hiérarchiques biaisent les feedbacks", fait remarquer ce patron d'une structure passée de deux personnes à son lancement à une trentaine actuellement.
Mais pas facile de trouver la bonne personne. "C'est très dur de cerner ce que l'autre apporte. J'ai fait quatre tentatives d'associations qui n'ont pas fonctionné, j'ai écumé les salons professionnels pour essayer de trouver le bon associé", explique Charles-Edouard Girard, président de GuestToGuest. "Un conseil : ne commencez pas à parler d'argent mais commencez par travailler ensemble", ajoute ce chef d'entreprise qui s'est payé le luxe de racheter l'an dernier son concurrent américain Home exchange, après avoir levé 33 millions d'euros.
Prévoir un scénario en cas de séparation
Ne partez pas du principe que tout se passera toujours à merveille avec votre associé. Un sujet à d'autant plus considérer si vous êtes en couple avec votre associé. "Nous avons prévu dès le départ un scénario à suivre en cas de séparation. Nous avons décidé avant le lancement que l'un des deux aurait 51% des parts et l'autre 49%", explique Charlotte Cadé, qui a cofondé Selency (d'abord sous le nom de Brocante Lab) avec son compagnon en 2014. La société en pleine croissance a levé 3 millions d'euros en 2016 pour embaucher et investir dans le marketing et la communication.
Les deux patrons de GuestToGuest ont pensé à désigner un tiers extérieur pour trancher en cas de désaccord profond. Des précautions qui, si elles ne sont pas prises, peuvent coûter cher, se souvient Mikaël Aubertin : "Nous avions fait toutes les erreurs au lancement, nous avions partagé le capital à 50/50 et n'avions pas prévu de pacte associés. Nous avons décidé de mettre fin à notre association au bout d'un an et demi. Et pour sortir de l'ornière, nous avons recouru à l'aide d'un médiateur. Finalement, j'ai racheté une partie du capital et mon associée est partie".
Recruter les personnes qui collent vraiment à vos besoins
Le recrutement et la gestion des ressources humaines est un enjeu central, dès le début. "Moins on est nombreux et plus l'impact de chaque collaborateur est fort", souligne Mikaël Aubertin tout en faisant remarquer qu'"il est moins évident d'attirer des talents dans l'agro-alimentaire que dans la finance par exemple". Celui-ci, ancien d'Unilever, explique avoir beaucoup utilisé son réseau mais avoir aussi eu recours à des chasseurs de tête.
Mais comment s'assurer de la valeur d'un candidat ? "Il n'y a pas vraiment de recette. Nous ne sommes pas tous égaux pour savoir si la personne qu'on a en face lors d'un entretien sera bonne. Je me repose sur la DRH qui, elle, a cette intuition". explique Clément Alteresco, PDG de Bureaux à partager, qui compte 70 personnes, dix ans ans après son lancement en 2007. Au-delà des qualités professionnelles, il accorde une grande importance à la personnalité de ses recrues. Celles-ci passent ainsi un test un peu décalé avant d'être recrutées. Exemple : "Si on vient chez toi, que ferais-tu à manger à l'improviste ? Que ferais-tu avec un million d'euros ? Quelle est la qualité pour toi d'un bon patron ?".
Rester dans la course une fois la boîte installée
Le management est l'une des clefs pour garder des équipes motivées. Pour rester dans la course, Charles-Edouard Girard compte sur l'intelligence collective : "Nous avons décidé de libérer l'entreprise, sous entendu de la libérer des patrons, car très peu de décisions nécessitent réellement leur intervention. Dès l'instant où le collaborateur est rationnel et peut expliquer sa démarche, nous lui faisons confiance. Les gens ne sont jamais aussi efficaces que quand on leur laisse de l'autonomie".
Pour créer de la transversalité, et accroître l'engagement des collaborateurs, le patron de Bureaux à partager a instauré, par exemple, un "coffee roulette" qui consiste à faire se rencontrer autour d'un café des collègues de deux services différents choisis par hasard. Il invoque la culture d'entreprise, ou plutôt ce qu'il s'amuse à nommer "la coolture" et évoque le guide de management intitulé Reinventig Organizations de Frédéric Laloux.
Les avis clients sont l'un des moteurs de Mikaël Aubertin pour continuer à progresser : "ceux qui sont négatifs nous intéressent davantage que ceux qui sont positifs pour évoluer".
Frapper aux bonnes portes pour trouver des financements
"Le financement est l'un des nerfs de la guerre pour développer sa boîte", rappelle Frédérique Jeske, directrice générale du Réseau entreprendre, une association de 14.000 chefs d'entreprise qui accompagne non seulement les porteurs de projets mais aussi ceux qui sont déjà à la tête d'une petite entreprise de deux, trois ou quatre personnes et qui veulent passer à une équipe d'au moins dix personnes.
"J'ai obtenu un prêt sur l'honneur de 50.000 euros de la part du Réseau entreprendre. Ce prêt étant considéré comme la garantie que le dossier était solide, cela m'a aidé à convaincre les autres financeurs", assure Mikaël Aubertin, tout en précisant qu'il a tout de même vendu son appartement pour monter son projet. Pour lever des fonds, Charlotte Cadé a pris un compte premium sur Linkedin pendant un mois : "Nous avons envoyé des mails de trois lignes à de potentiels business angels pour leur donner envie de prendre un café avec nous. Ils nous ont ouvert leur budget et leur réseau. Les financeurs sont nombreux mais il faut aller à leur rencontre car eux n'ont pas le temps de fouiller pour vous trouver".
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