Grossesse : comment annoncer à votre employeur que vous êtes enceinte ?

Publié le 17 avril 2018 à 17h55, mis à jour le 18 avril 2018 à 11h38
Grossesse : comment annoncer à votre employeur que vous êtes enceinte ?
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ENTREPRISE - C'est une étape redoutée par toutes les futures mamans : quand, et surtout comment, annoncer sa grossesse à son employeur ? Car les motifs de stress ne manquent pas oscillant entre la peur de la mise au placard ou au contraire la crainte d'une surcharge de travail subite. Alors pour que cela se passe au mieux, suivez ces conseils avisés.

Découvrir que l'on est enceinte, c'est en général une bonne nouvelle... sauf pour votre employeur. Du coup, très vite, vous vous posez LA question qui fait frémir toutes les futures mamans : comment vais-je lui annoncer ma grossesse ? Faut-il se précipiter dans son bureau dès que le test a viré au rose, ou attendre que l'on ne puisse plus cacher son ventre rond pour lui en parler ?Face à ce dilemme, deux jeunes coaches professionnelles, Estelle Dufétel et Cécile Schneider ont décidé de partager leurs expériences dans un livre : Métro, boulot, petits pots. Comment conjuguer vie pro et vie perso ! (Editions Mango). 

"Cadre chez un constructeur automobile, je me suis sentie très mal à l'aise pendant les quelques semaines qui ont suivi... comme si j'étais coupable... Jusqu'au fameux jour de l'annonce où je devais afficher un air si désolé que mon manager a d'abord cru que j'étais atteinte d'une maladie grave ! Je me suis dit à ce moment-là qu'il devait exister une autre façon d'annoncer sa grossesse", explique Cécile Schneider. 

Même son de cloche pour Estelle Dufétel : "On en fait toute une histoire, mais finalement c'est juste un arrêt de travail", dit-elle à LCI regrettant tout de même de ne pas avoir été conseillée durant cette période. C'est pour cela qu'elle a aussi fondé un centre de formation et de coaching : Bboosstt, qui a déjà accompagné plus de 350 mamans salariées. Voici leurs suggestions pour vous en sortir haut la main. 

Choisir le bon moment

"Sachez d'abord que vous n’avez aucune obligation légale d’annoncer votre grossesse", avance Estelle Dufétel. Le code du Travail stipule en effet qu'il n'y a pas de délai légal préétabli et qu'une salariée ne peut être sanctionnée pour avoir caché sa grossesse. Cependant, l’employeur doit être averti de l’absence pour congé maternité et de sa durée via un certificat médical qui lui sera remis en parallèle de l’annonce par lettre recommandée avec accusé de réception.

En général, les médecins conseillent d'attendre douze semaines de grossesse, période au terme de laquelle les nombreux risques de fausse couche ont pour la plupart disparu. "Passé ce délai, il ne faut pas tarder à en parler à votre employeur, ne serait-ce que pour pouvoir bénéficier des dispositions pour les femmes enceintes prévues par le droit du travail et les différentes conventions collectives, conseille la coach. Mais, au-delà du timing, la règle d'or c'est de toujours informer son manager avant ses collègues. C'est lui qui doit avoir l'exclusivité et c'est bien normal. N'oubliez pas que les secrets ne se gardent jamais très longtemps dans une entreprise."

Toute la difficulté consiste maintenant à trouver le moment opportun : "choisissez un jour où il semble détendu (pas un soir en plein stress de bouclage du budget annuel) et n'hésitez pas à repousser le rendez-vous si un événement impromptu risque de le perturber. Par ailleurs, évitez de coincer votre patron entre deux réunions, et préférez un moment éloigné du déjeuner, histoire de se prémunir contre d'éventuelles nausées !"

Que faut-il (ne pas) dire ?

"Soyez factuel et précis, scande Estelle Dufétel. Ne vous lancez surtout pas dans des explications ou des justifications sans fin. Vous n'avez pas à vous excuser, vous n'êtes coupable de rien. Prévenez-le ensuite que vous vous absenterez une fois par mois pour le suivi médical de votre grossesse et que vous irez aussi aux cours de préparation à l'accouchement. Et dès que possible, donnez-lui vos dates de départ et de retour de congé maternité. Si vous envisagez de prendre un congé parental ou un congé supplémentaire, avertissez-le également."

"En fait, il faut rassurer votre employeur, poursuit la jeune femme. C'est normal, il a un service à faire tourner. Gardez aussi à l'esprit qu'il s'agit d'une bonne nouvelle. D'ailleurs, rien ne vous empêche d'exprimer un peu vos sentiments, ce que vous ressentez. On a aussi le droit d'y mettre un peu d'humain. L'idée c'est même de convaincre votre employeur que votre travail ne pâtira pas de votre maternité, bien au contraire. En résumé, vous ne serez que plus épanouie, enthousiaste et pleine d’énergie en trouvant votre équilibre familial."

Et si la nouvelle ne passe pas ?

Parfois, malgré toutes ces précautions, il arrive - encore - que des employeurs réagissent mal. Dans l’esprit de certains, "grossesse" rimant avec absence, aménagements du temps de travail et autres dispositions qui demandent, de la part de l’entreprise, une certaine organisation. "Gardez à l’esprit que votre manager n’est pas votre meilleure copine, donc il ne va pas forcément vous féliciter avec émotion", précise Estelle Dufétel.

En revanche, si votre chef persiste à avoir un comportement négatif (moqueries, dénigrements ou mise à l’écart…), il faut réagir : "Dès le troisième jour, alertez-le sur son comportement en lui demandant un entretien. Et pourquoi ne pas préparer un texte très factuel avec ce qui a changé dans votre charge de travail, par exemple. Si ça ne marche pas, n'hésitez pas à prévenir les ressources humaines, elles sont là pour ça même si elles n'ont pas toujours bonne réputation selon les entreprises. Après, il faut alerter son CHSCT ou un délégué du personnel", conseille la coach.

Sachez par ailleurs, que le Centre National d’Information sur les Droits des Femmes et des Familles (CNIDFF) a des permanences juridiques gratuites partout en France. Rappelons enfin qu’une femme est juridiquement protégée du licenciement pendant toute sa grossesse et durant les quatre semaines qui suivent son congé maternité. Pourtant, de nombreuses entreprises sont encore régulièrement condamnées pour des licenciements abusifs et des discriminations liées à la maternité... 


Virginie FAUROUX

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