FOCUS - Aujourd'hui, des millions de Français font du sport. Et selon une étude OpinionWay, 74% des sondés considèrent qu'une activité physique sportive et régulière permet de se sentir bien au travail. Forcément, les entreprises ne pouvaient pas passer à côté de ce phénomène de société.
Les salles qui ouvrent partout en témoignent : la pratique sportive explose. Un exemple frappant parmi d'autres : le running, devenu incontournable ces dernières années. D’après les chiffres de la Fédération française d’athlétisme, 8,5 millions de Français déclarent courir régulièrement. Soit près de 1/6e de la population.
Cette explosion du sport dans les sociétés – surtout occidentales- s’explique, pour Thibaut Bardon, professeur de management à Audencia business school, par trois facteurs : "Le premier est assez classique : nous sommes dans une société de loisirs, les gens ont plus de temps libre, et donc plus de temps à consacrer au sport", estime-t-il. "Nous sommes aussi dans une société du confort, physiquement et psychiquement : nous sommes devenus très sédentaires, toujours assis. Le sport est donc souvent pris comme une réponse à un ensemble de dysfonctionnements causés par ce mode de vie -obésité, problèmes cardiaques..." Mais le sport serait aussi plus qu'une distraction. "Dans nos sociétés, il y a comme un endormissement des affects : on ressent moins, voire plus du tout, certaines émotions, comme le dépassement de soi, la souffrance physique", analyse Thibaut Bardon. "Le sport nous permet de retrouver certaines émotions un peu oubliées."
"Outil de cohésion, de motivation et de formation"
Les entreprises se sont évidemment emparées de ce phénomène de société pour en faire un outil de management. Car le sport est devenu une vraie ressource pour les salariés et leur bien-être... mais est aussi tout bénéf' pour l'entreprise. "De manière assez classique, le sport est utilisé comme outil de communication externe, via, par exemple, le sponsoring événements, pour bénéficier des valeurs associées à la pratique", détaille Thibaut Bardon.
En interne, cela passe par l’installation d’infrastructures sportives, salles de gym ou de programmes autour de la santé dans l'entreprise. "Les entreprises s’en servent comme un outil de cohésion, de motivation, ou encore de formation", précise Thibaut Bardon. "La course à pied peut par exemple être utilisée comme métaphore pour faire réfléchir les équipes sur des situations de travail ou des méthodes de gestion." Des sociétés encouragent ainsi leurs salariés à participer à des courses d’entreprises ou interentreprises, d'autres proposent des sorties régulières entre collègues.
Trop de sport tue le sport ?
Les avantages seraient multiples pour l’entreprise. Selon OpinionWay qui a interrogé 1.000 salariés pour Gymlib, 74% des sondés considèrent ainsi qu'une activité physique sportive et régulière permet de se sentir bien au travail, juste derrière l'équilibre vie pro/privée et l'intérêt du métier. Et ils sont convaincus de l'intérêt de faire du sport grâce à leur entreprise : pour ceux profitant déjà d'une telle offre, cela améliore principalement la santé (77%), l'image de l'entreprise (73%) et l'ambiance générale (70%).
66% des collaborateurs bénéficiant d'une telle offre estiment aussi que, dans leur société, les gens sont motivés (contre 9% dans celles ne proposant pas ce service). Ils sont alors plus de 80% à qualifier l'entreprise d'ouverte d'esprit, de bienveillante et de stimulante. Mettre en place une offre sport impacte donc fortement la marque employeur, estime l'enquête. Mais c'est aussi un levier de fidélisation interne : cela donnerait envie 57% des salariés de rester au sein d'une structure. Cela est d'autant plus vrai auprès des Millenials (18-29 ans), pour lesquels le facteur de fidélisation est de 67%.
Evidemment, tout reste dans l’équilibre. Car un risque existe si l’entreprise dérive vers une injonction à faire du sport. "La survalorisation de la pratique sportive peut altérer les jugements des managers", rappelle Thibaut Bardon. "Cela peut-être stigmatisant dans certains environnements comme les très petites entreprises, où la place du dirigeant est assez importante. S'il est insistant pour que les salariés aillent courir entre midi et deux et qu'il survalorise le sport, il pourrait, à l'extrême, discriminer des collègues non sportifs, mais qui sont de bons professionnels capables d’atteindre tout aussi bien leurs objectifs".