La température de votre bureau est-elle sexiste ? Ce que vous ne saviez peut-être pas sur la clim’ de votre open-space

Publié le 3 juin 2019 à 16h42
La température de votre bureau est-elle sexiste ? Ce que vous ne saviez peut-être pas sur la clim’ de votre open-space
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BATAILLE DE THERMOSTAT - Hommes et femmes ne ressentent pas la température de la même façon. Ce qui, quand la climatisation de bureau repose sur des normes pensées pour les hommes dans les années 60, n'est pas sans conséquences...

C’est un fait méconnu mais tout à fait prouvé scientifiquement. Et avec l’arrivée de beaux jours et des fortes températures, voilà de quoi animer les conversations de la machine à café : la climatisation serait… sexiste. Allons bon ? Et oui, hommes et femmes ne seraient pas à égalité devant la bonne vieille clim’ de bureau. Les femmes glogottent, les hommes étouffent. Comment cela ? On vous explique. 

Pour bien comprendre, il faut en revenir aux bases du métabolisme et à la notion de confort thermique. Ce confort thermique correspond à la plage de température dans laquelle vous vous sentez bien, une sorte état d’équilibre entre le corps humain et les conditions d’ambiance. Si le déséquilibre entre les deux est trop grand, vous allez ressentir de l'inconfort et devoir réagir pour le réduire. Le confort thermique est propre à chacun. Il dépend de notre sensibilité, de notre habillement, de la température de l’environnement, de l’humidité, mais aussi… de notre métabolisme. Et c’est là qu’est la chose : le métabolisme est différent chez l’homme et la femme, plus lent chez la gent féminine. 

Equation de Fanger

Or, la norme qui a fixé les conditions thermiques considérées comme acceptables dans les bâtiments est basée sur l’équation dite de Fanger. Ce calcul élaboré dans les années 1960 prend en compte la température de l’air, la vitesse de l’air,  la pression de vapeur, l’isolation des vêtements, mais surtout, le métabolisme. Jusque-là, tout roule.

Sauf qu’en 2015, deux chercheurs Boris Kingma et Wouter van Marken Lichtenbelt montrent dans une étude parue dans le journal Nature Climate Change que les valeurs standards pour l'une de ses principales variables - le taux métabolique - sont basées sur celles d'un homme de 40 ans et d’environ 70 kilos. Ce qui introduit donc un "biais discriminant entre les genres dans le confort thermique", le taux métabolique des femmes étant surestimé d'environ 35% . Cela pourrait être anecdotique, si cela n’avait pas des conséquences très concrètes : les bâtiments ne sont donc pas "intrinsèquement efficaces en termes de confort pour les femmes", écrivent les deux chercheurs. 

Différents effets

Deux autres chercheurs, Tom Y. Chang et Agne Kajackaite sont même allés plus loin, dans une étude publiée le 22 mai dernier dans la revue scientifique Plos One.  Ils se sont notamment penchés sur cette "bataille du thermostat" et les effets de la température sur les performances cognitives suivant les sexes. Ils constatent ainsi que "les effets de la température varient considérablement entre les hommes et les femmes". "À des températures plus élevées, les femmes obtiennent de meilleurs résultats sur une tâche mathématique et verbale, tandis que l'effet inverse est observé chez les hommes", écrivent-ils notamment.

En revanche, les températures semblent avoir peu d'effets sur les capacités cognitives, ou en tout cas peu de différences entre les sexes. Des résultats qui leur font ainsi suggérer que "les lieux de travail mixtes peuvent augmenter la productivité en réglant le thermostat au-dessus des normes actuelles."

Le marché de la climatisation se démocratiseSource : JT 13h WE

En politique aussi

Autant de données qui, d’un seul coup, font paraître bien moins anecdotique cette "bataille pour le cadran des températures", relatée par le New-York Times en 2018. A l’époque, Cynthia Nixon, ancienne actrice et candidate à  la primaire démocrate pour le poste de gouverneur de New York, doit débattre avec le sortant, Andrew M. Cuomo. Avant le duel, l’équipe de Cynthia Nixo lance le débat sur… la température de la salle, craignant qu’elle ne ressemble à "une patinoire". Un doute visiblement fondé, Andrew Cuomo étant connu pour "préférer comparaître en public dans des conditions extrêmement froides", comme le raconte un autre article du New-York Times

Dans un courriel, Rebecca Katz, l'une des principales stratèges de Cynthia Nixon, demande à la chaîne de télévision WCBS-TV que la salle "soit chauffée à 76 degrés" (Farenheit, soit environ 24 degrés Celsius). Elle écrivait notamment : les conditions de travail sont "notoirement sexistes en ce qui concerne la température ambiante, nous voulons simplement nous assurer que nous sommes tous sur le même pied d’égalité." A appliquer en open-space ?


La rédaction de TF1info

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