Dire du mal de votre patron devant des collègues ou des tiers revient à tenter de créer un malaise avec d'autres salariés.Lui prêter des propos inexacts devient une cause de licenciement.
"Tout ce que vous direz pourra se retourner contre vous." Les séries policières américaines raffolent de cette formule, inscrite dans le marbre de la justice étasunienne. En France, c’est moins vrai, même si la plus haute juridiction française estimait en 2018 que critiquer son entreprise sur les réseaux sociaux pouvait conduire à un licenciement. La Cour de cassation vient de récidiver en évoquant une discussion privée.
Lors d'une conversation en dehors du travail, un salarié explique à un de ses collègues que le patron le critiquait et le qualifiait notamment de "mauvais". Plus tard, l'employeur prend connaissance et conteste tenir de pareilles critiques. Il finit par licencier l'employé trop bavard. Le salarié se défend en justice en assurant que la conversation a eu lieu hors du travail, et même hors de l'entreprise. Il invoque le droit qu'a tout salarié de s'exprimer, sauf excès, injure ou diffamation.
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Diffamation et manquement à l'obligation de loyauté
La Cour de cassation ne retient pas cet argument. "L'attitude qui consiste à dire du mal de son supérieur en lui prêtant des propos éventuellement faux, blessants, humiliants, à l'égard d'un autre salarié, est destinée à créer un malaise. Même si la conversation a eu lieu hors de l'entreprise, il s'agit d'une diffamation et d'un manquement à l'obligation de loyauté vis-à-vis de son employeur, ce qui peut constituer une cause réelle et sérieuse de licenciement", observent les juges.