Elle est lancée ce jeudi : à quoi ressemble l'appli permettant d'utiliser les euros de notre compte personnel de formation ?

Publié le 21 novembre 2019 à 8h00, mis à jour le 21 novembre 2019 à 12h01

Source : JT 20h Semaine

EXPLICATIONS - Depuis le 1er janvier dernier, le compte personnel de formation professionnelle est crédité directement en euros et non plus en heures. Pour en simplifier l’accès, le gouvernement parie sur une application mobile, lancée ce jeudi 21 novembre.

Elle est attendue depuis des mois. Ce jeudi est lancée l’application mobile sur laquelle parie le  gouvernement pour faire décoller la formation professionnelle.

Dans les faits, la réforme de la formation professionnelle est déjà lancée depuis le 1er janvier 2019, le compte personnel de formation étant désormais crédité en euros, et non plus en heures. Une première étape de la réforme qui visait à rendre le dispositif plus simple. L’appli, que la ministre du travail Muriel Pénicaud vante comme une "révolution", vise elle à rendre ces formations plus accessibles à chacun.

Un dispositif trop peu utilisé jusqu'ici

L’idée sous-jacente : dans un contexte où les métiers évoluent, que certains secteurs ont du mal à recruter et que le chômage demeure élevé, il est désormais nécessaire de se former tout au long de sa vie, et d'adapter l'offre à la demande. Sauf que jusqu'à maintenant, le dispositif est trop peu utilisé : il est difficile de s'y retrouver, de savoir ce à quoi l'on a droit, comment il faut procéder. Le Compte personnel de formation existe en effet depuis 2015. Actuellement, quelque 5 millions de comptes CPF sont bien ouverts (sur 25 millions potentiels) mais ils ne sont pas utilisés. Et les inégalités sont flagrantes : les cadres bénéficient deux fois plus de formations que les ouvriers, et les salariés des grandes entreprises deux fois plus que ceux des TPE. Un manque qui accroît encore les écarts de qualification préexistants.

Cette application serait donc la solution. D’après les premiers éléments d’information, Moncomptefomation sera téléchargeable sur smartphone et tablette, ainsi que sur un site internet. Elle permettra à chaque salarié de trouver, de réserver et de payer la formation de son choix. "Au moins 100.000 sessions de formation seront immédiatement disponibles", "pour plus de 40.000 formations" différentes, indique le ministère. L'appli proposera uniquement des formations certifiantes ou diplômantes et permettra surtout à chacun de s'inscrire sans avoir à passer par un intermédiaire, comme cela était nécessaire auparavant. Pour éviter les formations "bidon", "seuls les organismes agréés préparant à un titre professionnel ou à un diplôme peuvent être référencés", a expliqué Muriel Pénicaud dans le JDD. "On ne trouvera donc que des formations ayant une valeur sur un CV".

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Grand raout aux Halles jeudi

Pour Pierre Courbebaisse, président de la Fédération de la formation professionnelle, l'appli sera aussi plus pratique : "Quand vous chercherez une formation qualifiante, vous aurez la possibilité de voir la totalité de l'offre à proximité de chez vous avec toutes les informations (prix, déroulement...)", explique-t-il auprès de l'AFP. "Le marché sera plus transparent. Le passage du CPF d'heures en euros est aussi un facteur de lisibilité : de plus en plus, on achètera des sessions de formation forfaitaire. La notion d'heures de formation, ça fait un peu scolaire et ça a moins de sens aujourd'hui. Chacun aura un capital en euros et pourra en disposer, comme il le souhaite."

Pour faire connaître ce dispositif, l'exécutif ne lésine pas sur les moyens : une grande campagne de publicité est prévue, après un lancement en grande pompe ce jeudi au forum des Halles à Paris. Muriel Pénicaud sera sur place, un "village de la formation professionnelle" y sera installé, et "démonstrateurs" et des "professionnels de la formation" pourront répondre aux questions des citoyens présents. Tout l'après-midi, des témoignages de "ceux qui sont passés à l'action en se formant" se succéderont sous la Canopée.

Syndicats, DRH et Medef sceptiques

Pour rappel, la loi Avenir professionnel de septembre 2018 a changé plusieurs règles du jeu. Le compte personnel de formation (CPF) n'est plus alimenté en nombre d'heures de formation mais en euros : 500 euros par an (800 pour les salariés non qualifiés), dans la limite de 5.000 euros (8.000). L'équivalence s'est faite au taux d'environ 15 euros l'heure. Pour ne pas perdre début 2021 les droits déjà acquis, il faudra s'inscrire ou mettre à jour son compte.

Certains syndicats ont cependant un œil critique sur le dispositif, craignant que, à tout dématérialiser, le salarié ne se retrouve bien "isolé" devant les propositions de son téléphone. Pour FO, l'ensemble de la réforme "conduira inéluctablement à une individualisation, et donc une diminution des droits des salariés". François Hommeril (CFE-CGC) pointe lui le crédit en euros, qu’il voit comme un "carnet de tickets de rationnement", "totalement guidé par les lois du marché".

Chez les DRH, tout en sachant que la réforme n'a pas enlevé aux entreprises leur obligation de formation, la "désintermédiation" ne passe pas non plus forcément bien. Le Medef a lui aussi déploré, par la voix de son patron Geoffroy Roux de Bézieux, que le CPF soit "entièrement à la main des salariés" : "Comment faire en sorte que les formations soient en lien avec les besoins présents et à venir de l'entreprise ?"


La rédaction de TF1info

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