"Nous détruirons 1.000 iPhone par jour" : l'action musclée de salariés normands en passe d'être licenciés

Publié le 13 décembre 2019 à 14h52, mis à jour le 13 décembre 2019 à 15h03
"Nous détruirons 1.000 iPhone par jour" : l'action musclée de salariés normands en passe d'être licenciés

EMPLOI - Jeudi dans la Manche, les salariés de Remade, une entreprise en difficulté de smartphones d’occasion, ont détruit un millier de téléphones mobiles. Ils ont réitéré le même geste ce vendredi. Une manière de protester contre les conditions dans lesquelles ils risquent d’être licenciés.

"Puisque les hommes n’ont aucune valeur, nous allons nous attaquer à (...) l’argent. Ainsi, nous détruirons 1.000 iPhone par jour jusqu’à être entendus". C’est la menace qu’ont proférée jeudi les salariés de Remade, une société de reconditionnement de smartphones, qui connaît de grosses difficultés. Une manière de protester contre les conditions dans lesquelles ils risquent d’être licenciés, selon les syndicats. La menace a été écrite dans un communiqué du CSE de la société, qui emploie environ 330 salariés à Poilley (Manche), près du Mont-Saint-Michel.

Et ils l'ont vite mise à exécution : la première destruction de smartphones a eu lieu jeudi. La CFDT a filmé l’action et posté sur sa page Facebook une vidéo d'un chariot élévateur roulant sur des centaines de téléphones et arborant une pancarte "salariés sacrifiés sans indemnités". La scène se passe devant le site de Poilley, sous le regard de plusieurs manifestants debout derrière une banderole avec le nom d'actionnaires et l'inscription "à votre tour d'être piétinés". 

Une action similaire devait être organisée ce vendredi.

Les gens sont au Smic
Sophia Garcia, secrétaire CFDT du CSE

Remade a été lancée en 2014, embauchant à tour de bras (le groupe compte au total, toutes filiales confondues, 500 salariés contre 680 en septembre) avant d'être placée en redressement judiciaire fin septembre. Sa principale filiale, Remade SAS, a été placée en liquidation avec poursuite d'activité le 28 novembre. Le tribunal de commerce de Rouen doit examiner mardi prochain à 10h les offres de reprise. Selon la CFDT et une source proche du dossier, six ont été déposées. 

Mais selon le CSE, "à cette date, les offres de reprise ne concerneraient qu'une poignée de salariés et le plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) n'est pas financé". Selon Sophia Garcia, secrétaire CFDT du CSE et cadre de Remade SAS, les actionnaires refusent d'aider les salariés en abondant un PSE. "C'est terrible. Deux cents millions ont été investis dans l'entreprise. Les salariés n'en ont pas vu la couleur et on se retrouve aujourd'hui sans indemnité supra-légale, avec un quart du salaire mensuel par année d'ancienneté. Et les gens sont au SMIC", a-t-elle dit à l'AFP. 

Des salariés prêtés entre deux entreprises pour éviter les licenciementsSource : JT 20h WE

Des négociations sont encore en cours. A ce stade parmi les offres déposées, le groupe indien CTS, qui était client de Remade début 2019, reprendrait 96 à 110 salariés et mettrait 500.000 euros sur la table pour le stock de téléphones, selon Sophia Garcia. L'ancien président du groupe, Matthieu Millet, condamné par le passé à des interdictions de gérer d'autres sociétés, reprendrait 143 salariés et verserait 1,3 million pour le stock mais avec une condition suspensive. La société Takara reprendrait pour sa part 50 salariés dont 10 à Nice et propose un million pour le stock, selon la CFDT. SFIT reprendrait 25 salariés avec 500.000 euros pour le stock, Smart Oh, 20 personnes avec 500.000 euros, et Recommerce ne reprendrait personne et rachèterait le stock 1,8 million d'euros, selon la secrétaire syndicale.

Outre SAS Remade, le groupe comprend plusieurs autres filiales en procédures judiciaires également.


La rédaction de TF1info

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