Que cache le "halo du chômage", cet indicateur qui, lui, continue d'augmenter ?

par Sibylle LAURENT
Publié le 13 février 2020 à 18h05
Que cache le "halo du chômage", cet indicateur qui, lui, continue d'augmenter ?
Source : AFP

DÉCRYPTAGE - Alors que le taux de chômage a nettement baissé en 2019, de 0,7 point, pour s'établir à 8,1% à la fin de l'année, le "halo autour du chômage", lui, augmente. On vous explique.

Sur tous les bons chiffres du chômage fournis ce jeudi par l’Insee, c’est l’un des seuls indicateurs qui augmente : le "halo autour du chômage" qui désigne, d’après l’Insee, ces personnes inactives qui souhaitent un emploi mais ne sont pas considérées comme chômeuses.

"Le halo autour du chômage est constitué d'inactifs n'étant pas au chômage au sens du Bureau international du travail, mais dans une situation qui s'en approche", détaille l'Insee. D’après les calculs de l'organisme de statistiques, cela concerne aujourd’hui 1,7 million de personnes. Leur nombre a augmenté de 59.000 entre les troisième et quatrième trimestres 2019. Ainsi, la part du halo dans la population des 15-64 ans augmente de 0,1 point sur le trimestre (+ 0,2 point sur un an), à 4%, son plus haut niveau depuis 2003…

Les chiffres du halo autour du chômage, depuis 2003, d'après l'Insee.
Les chiffres du halo autour du chômage, depuis 2003, d'après l'Insee. - Insee/Enquête emploi

De quoi relativiser un peu les bons chiffres du chômage, qui a par ailleurs nettement baissé en 2019, de 0,7 point, pour s'établir à 8,1% à la fin de l'année, dans la continuité d’un mouvement observé depuis 2016. Cette baisse serait à mettre au compte non seulement d’une forte création d’emplois, mais aussi d’une moindre progression de la population active.  

Mais alors, que recouvre précisément ce "halo autour du chômage" ? Il est constitué, explique l’Insee sur son site, de personnes qui souhaitent travailler mais ne sont pas comptabilisées comme chômeurs selon la définition du Bureau international du travail. Celle-ci est en effet très restrictive et exclut potentiellement beaucoup de gens : pour être comptabilisé dans les chômeurs, il faut d’abord être disponible dans les deux semaines pour reprendre un emploi. Une personne qui souhaite reprendre une activité dans trois semaines est donc classée comme "inactive" et non au chômage. Il faut aussi que cette personne, âgée de plus de 15 ans, n’ait pas travaillé la semaine de référence de l’enquête. Il faut, enfin, qu’elle recherche activement un emploi. 

Un chômage à moins de 7%, c'est possible ?Source : Sujet TF1 Info

Les "découragés du marché du travail"

Le halo autour du chômage comprend ainsi une partie de "découragés du marchés du travail", comme les appelle le Centre d’observation de la société, créé par le cabinet d’étude Compas, spécialisé dans l’observation sociale des territoires : une partie de la population active découragée par les conditions d’emploi, qui ne se porte plus sur le marché du travail est n’est plus enregistrée par le système statistique. Cela peut ainsi être des mères de familles qui souhaiteraient travailler mais ne trouvent pas de solution de garde pour leurs enfants ; ou encore des personnes en formation mais qui souhaiteraient travailler. 

Ainsi, décrypte le Centre d’observation de la société, le "développement de formes d’emplois très précaires, de courte durée, fait baisser le chômage car il suffit d’avoir travaillé une heure dans la semaine de référence pour ne pas être compté comme chômeur. De même les personnes qui ne sont pas très rapidement disponibles pour travailler disparaissent de la population active". 

Quant à la socio-démographie de ce "halo autour du chômage", l'Insee avait produit en 2016 un rapport sur le sujet, le dernier en date. Il indiquait que les femmes y étaient surreprésentées, et que la population était jeune. Ce halo comprend aussi une part de personnes moins diplômées, qui "sont plus souvent découragées dans leur recherche d'emploi", ainsi que "des personnes qui se sont éloignées du marché du travail pour des raisons durables ou liées à des difficultés de conciliation avec un emploi : études, maternité, enfant ou personne à charge, maladie ou invalidité".


Sibylle LAURENT

Tout
TF1 Info