Stress et émotions négatives au travail : comment ne pas se laisser contaminer

Publié le 23 août 2019 à 15h52, mis à jour le 26 août 2019 à 10h45
Stress et émotions négatives au travail : comment ne pas se laisser contaminer
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PSY AU BOULOT - Nous subissons tous, au travail et ailleurs, des situations stressantes, et y réagissons mal. Et si le stress était en fait une réaction positive qui nous amenait à nous dépasser ? LCI fait le tour de la question.

Vous arrivez le matin, tout pimpant. De très bonne humeur, après un bon week-end, prêt à abattre des montagnes de dossiers. Et voilà que, justement, vous apprenez que ce super projet sur lequel vous louchiez, vient d’être attribué à un autre. Colère rentrée. Vous soufflez. Puis  arrivez un peu à relativiser. Et là, vous apprenez que cet autre collègue a eu une promotion. Vous n’étiez pas au courant que son poste était ouvert. Déception. Là-dessus, passe le N+1, sifflotant et souriant, vous gratifiant d’un "salut, ça va ?", comme à l’ordinaire. Non, ça ne va pas.  Frustration. Vous vous enfermez caché derrière votre ordinateur en maugréant. Répondez sèchement à ce collègue qui veut vous faire parler de votre week-end. 

Vous êtes un peu "up and down" au travail ? Autant d’émotions qui se traduisent par du stress, des émotions négatives, qui ont forcément un impact sur votre motivation, votre productivité. L'Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail (INRS) nous rappelle que le stress a un coût, notamment social. Entre les dépenses de soins, celles liées à l’absentéisme, aux cessations d’activité et aux décès prématurés, il a été estimé en 2007 entre 2 et 3 milliards d’euros. 

Canaliser ses émotions

Face à ça, il est important de réussir à se préserver. Et pour ça, de réussir à canaliser ces émotions négatives. Plusieurs méthodes ont été pensées pour réussir à améliorer sa façon de voir les choses. Car comme pour beaucoup d’émotions, le stress est aussi lié à une interprétation que nous avons d’un événement. Regardez votre collègue : elle vit les mêmes choses que vous, mais reste sereine, détendue, souriante. Elle voit les choses positivement. Car le stress peut être positif, s’il est perçu comme un défi à relever. Mais s’il est négatif, comme trop souvent, il est porteur de tensions délétères. 

Une chose, d’abord, est de réussir à identifier ces pensées négatives, pour pouvoir les combattre plus efficacement. Quelles sont-elles ? Lesquelles sont importantes, lesquelles inutiles ? Ce premier questionnement permet d’abord de les mettre à distance. Modelez, ensuite, vos pensées : au lieu de vous concentrer sur ce qui ne va pas, essayez de voir ce qui peut être fait pour améliorer les choses. Les obstacles, au lieu de vous brider, doivent, au contraire, stimuler vos émotions. Autre technique, passez à l’action : au lieu de ruminer, faites un break, prenez l’air, lancez-vous dans une autre action.

Des psychologues proposent aussi des exercices pratiques. En travaillant par exemple sur la respiration : face à un stress, respirez profondément, comptez jusqu’à 10. Un moment qui permet de mettre à distance au lieu de réagir sous le coup de la colère. Existent aussi des exercices de visualisation, en pensant à des situations calmes et reposantes lors de périodes de stress ; cela peut-être, aussi, par l’écriture : focalisez-vous sur un moment heureux, vécu lors des dernières 24 heures, et écrivez dessus pendant 5 minutes. 

Comment gérer son stress ?Source : Audrey and co

Voir le stress comme positif

Mais si, en fin de compte ce stress était positif pour vous ? C’est l’approche défendue par Sonia Lupien, chercheuse en neurosciences, fondatrice du Centre d’Études sur le stress humain, qui entend  "démystifier le stress". Car, rappelle-t-elle, le stress est utile, et  aussi ancien que l’homme des cavernes. Il avait, en ce temps-là, une utilité bien précise : la survie en protégeant l’homme du danger. 

Face à une situation dangereuse –comme de faire face à un mammouth-, le cerveau déclenche en effet une réponse au stress. "Le but de cette réponse est de mobiliser de l’énergie", explique le Centre d’études sur le stress humain.  Battements cardiaques qui s'accélèrent, mains moites, envie de rugir et de bondir, hyper-vigilance... "C'est la façon qu’a trouvé notre corps pour se préparer à se défendre lors des situations stressantes." Sauf qu’aujourd’hui, le corps réagit encore physiquement, mais… il n’y a plus de mammouth à combattre. "Le plus souvent, nous relâchons cette énergie mobilisée sous forme de colère, une malencontreuse conséquence du stress."

Les causes du stress

Sonia Lupien a déterminé quatre "caractéristiques", qui font que le cerveau va détecter une menace et engendrer une réponse de stress réunis sous l’acronyme CINE : le Contrôle faible (sentir qu’on n’a pas ou peu de contrôle sur ce qui nous arrive), l’Imprévisibilité, la Nouveauté et la menace à l'Égo (la situation représente une menace pour votre égo). Plus une situation coche de critères, plus elle sera stressante. 

"Quand on a une réponse de stress, on apprend aux gens à réguler l’émotion, c'est-à-dire à regarder la situation en cause et la réinterpréter", explique-t-elle sur Radio Canada. "Il y a deux façons de faire : soit supprimer cette émotion, par exemple en disant : "Je ne ressens rien, ça va très bien je ne suis pas stressé". Cela ne fonctionne pas très bien. Ou alors vous pouvez réinterpréter la situation : "Ecoutez, je connais très bien mon travail, ce n’est pas la première fois que je fais ça, je suis tout à fait capable". Et vous pouvez diminuer la réponse de stress. C'est une technique qui fonctionne très bien."

Sauf que... cette technique de réinterprétation de la situation ne fonctionne pas pour tous. "Il y a des gens chez qui la réponse de stress est tellement importante, que cela monte au cerveau et ils ne sont plus capable de penser correctement." Une des réponses à ce genre de cas, est développée par Jeremy Jamieson, chercheur de l'université de Rochester : "Au lieu d’apprendre aux gens à réinterpréter la situation qui les stresse, il leur apprend à modifier leur réinterprétation de la réponse de stress", explique Sonia Lupien. En clair : pour beaucoup de gens, c’est le fait de voir chez eux des signes de stress, qui les stresse. Ils sont stressés d’être stressés, car ils perçoivent le stress comme négatif. Et c'est ça qu'il faut changer. Ce chercheur dit : "La réponse de stress que tu as est bonne. Tu en as besoin pour être performant", poursuit-elle. "Quiconque a déjà fait du théâtre sait que le trac qu'on vit avant va les aider être performant." Accueillir le stress de manière positive, permettra ainsi de mieux le contrôler et... mieux se dépasser.


La rédaction de TF1info

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