Toujours pas de reprise pour l'hôtellerie, touchée de plein fouet par la crise

Publié le 12 octobre 2020 à 20h49
Une réception d'hôtel / Photo d'illustration
Une réception d'hôtel / Photo d'illustration - Source : iStock

RÉSERVATIONS - L'effondrement de la fréquentation des hôtels a entraîné 47.000 destructions d'emplois au premier semestre. Contrairement à la plupart des autres pans de l'économie, le secteur peine à reprendre des couleurs. Malgré les aides publiques, les professionnels craignent que l'hécatombe continue.

Un comité interministériel du tourisme s'est tenu lundi 12 octobre autour de Jean Castex. L'occasion pour le Premier ministre d'entendre les nombreux acteurs d'un secteur à la peine après six mois de crise sanitaire. Particulièrement touchée, l'hôtellerie (qui compte plus de 18.000 établissements) a déjà subi 46.900 destructions d'emplois au premier semestre et 30.000 autres sont menacés d'ici à la fin de l'année, selon le syndicat des professionnels indépendants de l'hôtellerie et de la restauration (GNI). Sans oublier l'impossibilité dans ces conditions d'embaucher des extras ou de jeunes diplômés. 

Au sortir de ce comité, faisant état d'une baisse de 50% des réservations pour la Toussaint par rapport au même moment l'an dernier, le secrétaire d'Etat chargé du Tourisme, Jean-Baptiste Lemoyne, a donc encouragé les Français à réserver leurs vacances, sachant que le secteur a renouvelé son engagement de pouvoir annuler sans frais. 

Baisse de fréquentation de 88% en Ile-de-France

Les difficultés des hôteliers sont en effet au moins aussi importantes que celles des cafetiers et des restaurateurs soumis dans certaines grandes villes depuis fin septembre à de nouvelles restrictions sanitaires. L'absence de touristes étrangers et le faible nombre de voyageurs d'affaires a fait baisser la fréquentation des établissements de 88% en Ile-de-France par rapport à l'année précédente, et de 67% en régions, rapporte le cabinet de conseil KPMG France dans son étude annuelle sur l'industrie hôtelière, publiée début octobre. Sur la seule région parisienne, le manque à gagner atteint ainsi 6,4 milliards d'euros au premier semestre, selon le Comité régional du tourisme Paris Ile-de-France.

Contrairement à près de 90% de l'économie française ayant retrouvé "un niveau d'activité supérieur ou égal à 90% de l'avant-Covid", l'hébergement-restauration (ainsi que trois autres secteurs : arts-spectacles-activités récréatives / fabrication de matériel de transport aéronautique et automobile / transport de personnes) n'a en effet pas connu de reprise au sortir du confinement, observe le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau, interrogé jeudi 8 octobre par nos confrères de l'AFP. "Il faut aider en priorité" ces secteurs représentant un peu plus de 10% de l'économie, "qui continuent à souffrir et peuvent être davantage touchés par les nouvelles restrictions sanitaires", estime-t-il.

Les patrons de petites entreprises ont peur de devoir mettre la clé sous la porteSource : JT 13h Semaine

Des aides de l'Etat renforcées

Pour soutenir ces entreprises dont le chiffre d'affaires s'est écroulé, le gouvernement a justement annoncé fin septembre que le chômage partiel serait pris en charge à 100% par l'Etat et l'Unédic jusqu'au 31 décembre. Il a également prévenu que le fonds de solidarité jusqu'à 10.000 euros, jusque-là réservé aux secteurs du tourisme, de l'événementiel, de la culture et du sport, serait étendu aux entreprises de jusqu'à 50 salariés (au lieu de 20 maximum) et qu'il pourrait bénéficier à certains métiers indirectement touchés tels que les blanchisseurs ou les fleuristes par exemple. 

Des mesures bien accueillies par Roland Héguy, le président de l'Umih, principal syndicat de l'hôtellerie, qui rappelait une semaine plus tôt que 30% des établissements (hôtels, bars, restaurants, discothèques et traiteurs confondus) risquent de mettre la clef sous la porte avant la fin de l'année à Paris et en Ile-de-France, et 15% au niveau national.


Laurence VALDÉS

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