Animaux au travail : patrons, devez-vous céder ?

par Mélinda DAVAN-SOULAS
Publié le 4 décembre 2017 à 15h47, mis à jour le 24 janvier 2018 à 14h00
Animaux au travail : patrons, devez-vous céder ?

WAOUF – Et si vous ne laissiez plus votre animal de compagnie seul derrière vous en fermant la porte le matin ? Le phénomène "Pets at work" (animaux au travail) tend à se développer. Et s'il est souvent source d’inquiétude de prime abord, ses bienfaits sur les salariés commencent à être sérieusement pris en considération.

Selon une étude menée par Purina Petcare dans huit pays européens, 68% des propriétaires de chiens rêvent d’emmener leur animal au travail. Si la pratique a le vent en poupe dans les pays nord-américains ou en Suisse, en France ce n’est pas encore le cas. Moins d’un salarié sur 10 y est autorisé (8%) alors que chez nos voisins helvétiques (28%) ou allemands (20%), les employés peuvent venir accompagnés.

Mais pourquoi vouloir traîner nos compagnons à quatre pattes au bureau ? Selon la même étude, il s’agirait surtout de ne pas culpabiliser de les laisser seuls à la maison toute la journée (53%) et d’améliorer son propre équilibre vie personnelle-vie professionnelle (36%). Mais la présence de nos animaux de compagnie s’avère aussi avoir des vertus sur le quotidien au travail. Pour 40% des sondés, cela réduirait le stress au bureau. Et ils sont tout autant à penser que cela détendrait l’atmosphère. Mais 16% craignent que le lieu de travail ne leur soit pas adapté ou que les animaux créent trop de distraction (14%). Pour 9%, leur présence serait même peu pratique.

Des bienfaits sur l'atmosphère de travail

Pourtant, la tendance du Pets at work (animaux au bureau) prend de l’ampleur. L’étude menée par Purina, spécialiste de la nourriture pour animaux domestiques, démontre aussi les bienfaits pour l’image de l’entreprise selon des salariés potentiels (31%). La possibilité de venir avec son animal serait un critère tout aussi important pour certains que l’accès à des services, une voiture de société ou des repas gratuits.

Et la présence d’animaux dans l’entreprise a aussi des bienfaits pour cette dernière. D’après l’INRS et Arts&Métiers ParisTech, le coût social du stress au travail serait estimé entre 2 et 3 milliards d’euros par an. L’animal peut-il être une solution ? "On a remarqué au sein de l’agence que la présence de Max avait permis à des personnes qui ne se côtoyaient pas jusque-là d’engager la discussion", explique Thibault Peulen, directeur général de l’agence Cap & Cime qui accueille un petit bichon maltais depuis quelques semaines. "Ça détend énormément l’atmosphère. Il arrive le matin, fait son petit tour, vient saluer tout le monde et on sent que l’ambiance y gagne."

Capable d’apaiser dans un environnement un peu plus soumis au stress, son côté "boule de poils" que l’on va caresser permet de faire oublier les petits désagréments que sa présence peut aussi causer. "Oui, il est encore jeune (moins d’un an, ndlr), donc il y a aussi quelques 'oublis' possibles sur la moquette", admet Pauline, l’une des consultantes de l’agence. "Mais c’est marrant de l’avoir qui se balade autour des bureaux. Et on n’a pas de problème pour le sortir : les fumeurs se relaient et en profitent pour faire une pause !".

200 entreprises d'ici 2020

"J’avoue que je n’étais pas très emballé par l’idée initiale", reconnaît Thibault Peulen, inquiet de la présence de l’animal dans l’open-space. "On pense à différents problèmes possibles : hygiène, organisation, etc. Tout cela s'est réglé en deux jours." Et d'ajouter : "Quand les clients viennent, ils trouvent ça amusant car ils n’ont pas vraiment l’habitude. Et leur réaction est la même : ça noue la conversation."

"Un tas d’études scientifiques montrent et prouvent que l'animal favorise le contact entre collaborateurs et qu'il réduit le stress", souligne Yoann Latouche, consultant sur le monde animalier et fondateur du magazine Dogs Revelation. Depuis longtemps, il plaide pour l’autorisation de l’animal sur le lieu de travail.

Selon lui, si le phénomène Pets at work ne prend pas autant d'ampleur en France qu'aux Etats-Unis et au Canada, c'est en raison d’un manque de communication car "il n’est pas bien connu encore dans l’Hexagone". Pourtant, rien n’empêche sa mise en pratique. "Il n’y a pas de législation particulière sur le sujet", note Yoann Latouche. "Ce sont des règles basiques de savoir-vivre et savoir-être. Les chiots ne sont pas encore les bienvenus car ils ne sont pas toujours propres. Le plus important, c’est d’avoir un chien sociable qui sait se tenir. Après, ce sont des règles de bonne conduite à appliquer pour que tout se passe bien."

Sous la houlette notamment de l'entreprise Purina, un programme européen a été lancé pour favoriser l'insertion des animaux en entreprise. Et il espère embarquer dans son aventure plus de 200 sociétés d'ici 2020.


Mélinda DAVAN-SOULAS

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