VIDÉO - "On vit dans un monde hyper sérieux !" : il utilise le rire pour débloquer et motiver les salariés

par Sibylle LAURENT
Publié le 11 mars 2019 à 15h21, mis à jour le 18 mars 2019 à 15h16
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Source : Sujet TF1 Info

INTERVIEW - Serge Grudzinski, consultant en management, a développé une méthode pour motiver les équipes en entreprise : le rire. Il en parle dans son livre "Laugh to lead". Est-ce réellement efficace ? On en parle avec lui.

Précurseur ? Il a en tout cas le sentiment d’avoir fait une immense découverte et veut la faire connaître au monde : le rire est le meilleur remède pour débloquer les situations les plus compliquées, soigner et remotiver les salariés cassés. Serge Grudzinski est consultant en management et intervient depuis 25 ans dans les grandes sociétés. 

Fondateur du cabinet  Humour Consulting group, il vient de publier un ouvrage intitulé "Laugh to lead, quand le rire soigne, débloque, motive les entreprises" (19,50 euros). L’homme connait bien le monde de l’entreprise : il y a travaillé des années, dans le milieu financier, avant de se rendre compte qu’il trouvait cela "invivable", "ennuyeux". Il se sent plutôt doué pour le comique, la scène. Et il a cherché à réunir ces deux univers, à apporter le rire dans l’entreprise. 

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L’être humain est tel que quand vous lui montrez sa souffrance, il se marre !

Serge Grudzinski

LCI : Expliquez-nous l’intérêt de rire en entreprise ? Ces deux univers ne sont-ils pas a priori incompatibles ?

Serge Grudzinski : De manière générale, pour notre bien-être, rire ne fait jamais de mal ! C’est une émotion très positive, et encore plus au boulot : dès que les gens sont bien ensemble, ils rient. Et dès que les gens rient, ils sont bien ensemble. Par contre, il faut voir comment on pratique ce rire, c’est à manier avec circonspection. Cela peut faire beaucoup de bien comme beaucoup de mal car l’entreprise reste quand même un lieu où l’on réagit à des choses avec certains process, certaines contraintes. C’est aussi un lieu de pouvoir. 

Vous intervenez dans les entreprises, notamment en phase de transformation. Vous dites que vous avez développé un "grand rire unanime". Qu’est-ce que cela veut dire ?

Le rire que je pratique est aussi puissant qu’un réacteur nucléaire ! En fait, les entreprises changent toutes sans arrêt, les marchés évoluent, la technologie évolue, les gens évoluent, donc il faut changer sans cesse. Le changement induit que vous devez aller d’un état A à un état B. Cela crée tout ce qu’on appelle les "résistances au changement", que j’assimile à des tensions telles que "je ne comprends pas", "je n’aime pas", "je ne suis pas bien", "ce n’est plus mon truc", "on m’a fait du mal".

Cela peut miner la vie des gens, certains n’en dorment plus. Cela peut aussi générer des conflits. Et pour les entreprises, entraîner des gens qui sont soumis à ces tensions, ce n’est pas facile. Soit ils n’écoutent pas, soit ils n’ont pas envie… 

Je traite ces tensions, toutes ces choses qui font du mal aux gens, par le propre de l’homme, qui est ce grand rire unanime. Et l’être humain est tel que quand vous lui montrez sa souffrance, il se marre ! Et en se marrant, cela le soulage. C’est la base de ma recette. J’ai fait plus de 1.300 interventions et je le constate à chaque fois : ils en sortent radieux, soulagés ou rapprochés. Cela leur a fait comprendre des choses. Pour moi, le rire est comme un couteau suisse qui permet des tas de choses fabuleuses, pour rassembler les gens, les remettre bien.

Le rire casse ces murs qui isolent les gens, les rendent malheureux

Serge Grudzinski

Comment préparez-vous vos interventions dans les entreprises ? 

Il faut, en amont, avoir un aperçu très fin de la situation, une sorte d’audit de ce qu’il se passe dans l’entreprise. On demande à rencontrer des personnes représentatives, une sorte de panel, pour avoir une radiographie de la société ou de l’unité. On s’entretient avec eux. "Je ne comprends pas très bien", "ça a beaucoup changé, maintenant on nous demande des performances, alors qu’avant on pouvait faire un métier un peu artistique", "il faut faire des tas de process"… Ils nous racontent tout. C’est passionnant.

C’est la phase du diagnostic. On en discute après avec le responsable concerné, pour le faire réagir. On entend aussi le message que lui veut faire passer, là où il veut aller. Une fois qu'on a compris la société, le terrain, les gens, on écrit une présentation des choses, très travaillée. Et le jour J, j’arrive  et commence à parler. Au bout de 10 minutes tout le monde rigole. Cela dure une heure ou plus de grand rire. C’est là que se cassent ces fameux murs, cette sédimentation d’émotions négatives qui isole les gens, les rend malheureux, en "traitant" tous ces sujets qui ont créé ces émotions négatives. C’est magique, c’est de la folie !

Passer un moment à rire, c’est agréable. Mais n’est-ce pas un traitement qui peut sembler léger et très temporaire, sur des situations qui peuvent être difficiles ? 

Avez-vous déjà été amoureux ? Il y a un jour avant et un jour après. C’est la même chose ! Le grand rire, c’est l’émotion positive maximale, qu’on puisse vivre. Ça remue énormément. Ces collègues, qui sont normaux d’habitude, se mettent à hurler de rire ensemble, à se taper sur les cuisses. Il se passe à l’intérieur des choses aussi violentes qu’à l’extérieur de leur corps. La perspective change, une fluidité s’installe. Et des semaines après, le boss constate que tel salarié, qui ne communiquait plus avec lui, lui parle désormais facilement ou que des collègues, qui ne se comprenaient pas, s’entendent. C’est très profond. 

On est dans un monde tellement sérieux et tellement compliqué. Il faut rire !

Serge Grudzinski

N’y a-t-il pas des situations où le rire ne marche pas ? Des limites ?

Il y a une limite si vous avez une situation terrible. C’est ce qu’on me demande souvent : "Alors, les patrons virent tout le monde, et, vous, vous allez les faire rire ?" Non. C’est sûr que si demain on vire tout le monde, je ne vais pas les faire rire. On m’a déjà demandé d’ailleurs, de "blinder" des gens pour mieux passer cette période, c’est très très dur. Je refuse le cynisme. Parfois, cela est rare, je peux être amené à dire "non, je ne peux pas intervenir, parce que ce n’est pas améliorable". 

Mais, en dehors de cela, l’entreprise est telle que presque toutes les situations sont améliorables. Et c’est là que je peux agir. C’est une histoire de savoir-faire, d’avoir un audit très clair de la situation et d'apporter de la vérité, de la bienveillance, et puis ce grand rire. C’est ça la magie. Si j’arrive à faire surgir ce grand rire, à partir de la compréhension de ce que les salariés ont dans la tête et dans les cœurs, ça marche à tous les coups.

Sentez-vous que les gens ont envie et besoin de rire ?

On est dans un monde tellement sérieux et tellement compliqué. On court pour acheter sa montre Apple et c’est un drame si on n’arrive pas à l’avoir. On engueule le service client parce qu’il nous manque une chaîne télé sur les 250 qu’on a… On est dans un monde technologiquement hyper sérieux, l’omniprésence des technologies et de l’informatique déshumanise un peu. Alors oui, il y a le besoin de rire. Et il faut rire ! 


Sibylle LAURENT

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