VIDÉO - Pôle Emploi : comment les contrôles vont-ils être renforcés ?

Frédéric Senneville | Reportage vidéo C. Diwo, T. Leproux et A. Ponsar
Publié le 11 novembre 2021 à 16h40

Source : JT 20h Semaine

CHÔMAGE - Lors de son allocution mardi, Emmanuel Macron a annoncé "l'intensification des contrôles" de l'effectivité de la recherche d’emploi. TF1 a confronté cette déclaration à la réalité du terrain.

Dans la mission locale visitée par TF1 dans le reportage du 20H en tête de cet article, l'annonce d'Emmanuel Macron inquiète les demandeurs d’emploi. À commencer par Mehdi, 29 ans : "Il y a des personnes qui reçoivent des offres d'emploi qui ne sont pas forcément ce qui les intéresse. Si elles les refusent et qu’on leur enlève leurs allocations, elles vont faire comment ?". Une inquiétude partagée par Ousma, 30 ans, qui a peur de se voir obligée d'accepter n'importe quelle offre qui lui serait proposée : "Non, moi, je ne veux pas faire un travail qui ne me plaît pas, assume-t-elle. Je veux trouver un travail dans lequel je pourrai m’épanouir, et l'exercer bien".

Mardi soir, lors de son allocution télévisée, Emmanuel Macron a déclaré que "les demandeurs d'emploi qui ne démontreront pas une recherche active verront leur allocation suspendue". Une annonce précisée le lendemain par la ministre du Travail : "Pôle Emploi a fait de l'ordre de 400.000 contrôles en 2019, a rappelé Elisabeth Borne, dans les six prochains mois, ils vont en faire 250.000, soit une augmentation de 25%".

"Remobilisation" plutôt que sanction

C’est en fait bien une intensification des contrôles qui est envisagée, aucune modification des sanctions déjà existantes ne l'étant. Concrètement, ce sont 600 conseillers de Pôle Emploi qui sont affectés à cette mission de contrôle, mais avant tout "dans un but de remobilisation", selon David Vallaperta, représentant CFDT au CSE central de Pôle emploi. On va "vérifier qu'un demandeur d'emploi répond à des offres", a précisé Elisabeth Borne, "se rend à des entretiens, (...) ou suit les formations proposées. C'est une évaluation faite sur plusieurs mois, pas un couperet".

Très peu de demandeurs d'emploi n'en recherchent pas activement

En 2019, seuls 15% des inscrits contrôlés avaient subi une sanction pour absence d'actes positifs et répétés en vue de retrouver un emploi. Un pourcentage d’ailleurs à relativiser, puisque les contrôles sont opérés parmi des demandeurs d’emploi chez qui on a déjà détecté une certaine inertie, et non parmi la totalité des inscrits. Une "remobilisation" est d’ailleurs suffisante dans la plupart des cas repérés. 

Dans les faits, l’absence de recherche effective d’emploi ne représente que 5% des cas de radiation, la très grande majorité de ceux-ci étant dus à l’absence à un rendez-vous (71%). Le principal enseignement des contrôles antérieurs aura été en fait de démentir la thèse récurrente selon laquelle les gens sont au chômage parce qu’ils ne recherchent pas d’emploi.

Des secteurs en manque de bras

Pour Paul Bazin, directeur général de Pôle Emploi, qui s’exprime dans le reportage de TF1, le ciblage va désormais s’affiner en direction des "secteurs en tension" : le contrôle va porter principalement sur "les demandeurs qui cherchent un métier dans les secteurs qui ont besoin de recruter dans la période que l'on connaît". En tête des professions qui peinent à recruter depuis la reprise : les agents d’entretien, les aides à domiciles et les serveurs.

Une stratégie pour soulager les filières en recherche de travailleurs, mais qui ne devrait pas être suffisante pour une baisse significative du chômage. Pour Anne-Sophie Alsif, cheffe économiste chez BDO France, "ça peut être un moyen pour essayer de faire que les employés trouvent un emploi dans les secteurs en tension. Mais en aucun cas, ce sera suffisant pour baisser massivement d'à peu près 3 points le taux de chômage", soit ce qui manque à la France pour atteindre le plein emploi.


Frédéric Senneville | Reportage vidéo C. Diwo, T. Leproux et A. Ponsar

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