Semaine de 4 jours : comment fonctionne le système proposé aux salariés belges ?

M.L | Reportage TF1 Marion Fiat, Bora Agirbas
Publié le 20 octobre 2022 à 14h15

Source : JT 13h Semaine

Et si la solution pour embaucher était de laisser aux salariés la possibilité de décider de leur rythme ?
La mesure a été adoptée fin septembre en Belgique et fait beaucoup réagir.
Les travailleurs ont notamment désormais la possibilité de travailler quatre jours au lieu de cinq par semaine, sans perdre de salaire.

Désormais, le choix leur revient : les salariés belges vont pouvoir adapter leurs horaires de travail à condition d'effectuer leurs 38 heures par semaine. La Chambre des représentants de Belgique a adopté le 29 septembre dernier un "deal pour l'emploi", qui prévoit notamment de permettre aux employés de travailler quatre journées de dix heures par semaine pour avoir un jour de repos supplémentaire, ou encore travailler moins une semaine et travailler davantage la suivante. La mesure n'est pas généralisée, mais proposée à tous les salariés qui le souhaitent.

L'objectif : "mieux s'adapter, par exemple, à la garde alternée d'enfants", rapporte la radio belge RTBF. Quant aux heures supplémentaires, elles seront interdites pour les semaines réduites. Mais dans la pratique, la mise en marche de ce nouveau système peut être délicate. 

Des interrogations sur la mise en pratique

Dans un centre commercial de Tournai, à l'ouest de la Belgique, où se rend TF1 dans le reportage en tête de cet article, on compte une centaine d'enseignes et l'organisation d'une telle mesure s'annonce très compliquée. "En général, les plages horaires sont décidées des semaines, voire des mois à l'avance", explique un de ses responsables. "Se dire tout d'un coup qu'on travaillera une vingtaine d'heures cette semaine, puis compenser la suivante, ça va être un défi opérationnel", souligne-t-il.

De son côté, Gauthier Goeders, consultant informatique au sein de la société Bizzdev, aura bientôt le choix de passer à la semaine de quatre jours au lieu de cinq, ou encore de travailler davantage une semaine sur deux, si son employeur l'accepte. Mais tous les contours de cette loi ne sont pas encore bien connus. "L'idée de faire des grosses semaines puis des semaines un peu plus légères est bonne. Mais lors des semaines plus légères, si quelque chose ne se passe pas comme prévu, on aura quand même besoin de moi et on me fera venir. Quid de ces moments-là", s'interroge-t-il. 

D'après un sondage relayé par le journal belge La Libre, près de 80% des PME belges refusent la semaine de travail de quatre jours, puisqu'elles estiment que le modèle n'est pas réalisable.

"Un autre équilibre entre vie privée et vie professionnelle"

Il est vrai que la mesure s'accompagne de contraintes : chez Bizzdev, cette entreprise informatique qui emploie une cinquantaine de personnes, elle va obliger la direction à réécrire tous les règlements intérieurs et réorganiser une astreinte pour les clients. Mais celle-ci regarde surtout les aspects positifs de cette nouvelle organisation, notamment en matière de recrutement. "C'est peut-être un autre équilibre entre vie privée et vie professionnelle que les travailleurs vont pouvoir trouver", salue Valentine Verdonck, directrice générale adjointe de la société. 

"C'est à la carte : on n'est pas à leur place, ça peut donc convenir davantage à certains", poursuit-elle. La cheffe d'entreprise estime également que ce planning modulable pourrait attirer de nouvelles recrues, que l'entreprise peine encore à séduire : "Cela peut aussi nous permettre de diversifier la population au sein de Bizzdev, puisque l'on a plus d'hommes dans le secteur de l'informatique. Peut-être que cette mesure-là permettrait à davantage de femmes de travailler chez nous", fait-elle valoir.

D'autres pays européens pourront prendre le chemin de leur voisin belge : l'Espagne et le Royaume-Uni sont actuellement en phase d'expérimentation pour repenser le temps de travail. En France, quelques sociétés pionnières se prêtent aussi au jeu, plusieurs accords d'entreprise ayant d'ores et déjà été signés.


M.L | Reportage TF1 Marion Fiat, Bora Agirbas

Tout
TF1 Info