TEMPS DE TRAVAIL - Bien-être des employés, atout pour le recrutement… Certaines entreprises proposent désormais la semaine de quatre jours et affirment multiplier les bénéfices.
Le modèle a déjà convaincu à l'international : déjà appliquée en Islande et en Nouvelle-Zélande, la semaine de quatre jours sera testée à grande échelle en Espagne cette année, dans 200 entreprises volontaires. En France, si aucune législation n’oblige les entreprises à modifier leur temps de travail, certaines se sont tout de même laissé tenter par une expérimentation.
En octobre dernier, le ministère du Travail indiquait au Parisien que le passage aux quatre jours de travail est envisageable au cas par cas, par un accord d’entreprise : "Cet accord décide si la réduction du temps de travail donne lieu à des journées de RTT supplémentaires, par exemple, car il y a différents modèles envisageables", précisait-il. Lucie Helluin a bénéficié de l’un de ces accords. Chaque mercredi, cette jeune femme a désormais le privilège de pouvoir passer du temps avec son fils Théo, sans poser un seul jour de congé ou de RTT ni travailler à temps partiel.
Elle vient de passer à la semaine de quatre jours sans perdre un seul centime de salaire. "Je peux profiter de jouer avec lui, alors que d’habitude, je le fais vite fait le soir après l’école, avant la douche", explique-t-elle dans le reportage du 20H de TF1 en tête d’article. "C’est un cadeau, en quelque sorte." Cette cadre dans une société de services informatiques, le groupe Tenor, réalise désormais ses 38 heures hebdomadaires sur quatre jours, ce qui implique pour elle un nouveau mode de vie.
"Soupape" de relâchement et égalité salariale
"Dans mon métier comme dans de nombreux autres, il y a beaucoup de stress quotidien au niveau du travail. Passer à cette semaine de quatre jours va donner de l’air et permettre d’avoir une soupape", analyse-t-elle.
Selon son directeur Nizar Alachbili, qui est à l’origine de l’initiative, ce nouveau système rééquilibre vie de famille et travail, et améliore l’égalité salariale hommes femmes. "On a remarqué que c’était surtout les femmes qui demandaient le plus de temps partiel, pour des raisons personnelles, familiales, historiques, etc", explique-t-il. La semaine de quatre jours permet ainsi à tous les employés d’avoir "un salaire plein", sans aucun temps partiel.
Mais cette initiative peut-elle se plier à tous les secteurs et toutes les entreprises ? Il est encore difficile de le déterminer, mais plusieurs entreprises en sauté le pas ces derniers mois. Anthony Georgeault, technicien dans une boutique d’informatique du groupe LDLC de Mérignac, en Gironde, profite ainsi d’un temps de travail qui court du lundi matin au jeudi soir, "la meilleure coupure" selon lui, n'ayant pas d’enfant et donc pas d’obligations à assurer en milieu de semaine. "Avoir un grand week-end de trois jours, c'est l’idéal pour moi, je suis plutôt content", se réjouit-il.
"C’est un concept de bien-être", abonde le gérant, Benoît Prokop, qui a choisi quant à lui de poser ses jours de repos les dimanche, mercredi et jeudi. Pour ce faire, il s’est organisé pour maintenir l’activité et l’accueil en boutique, en misant sur "davantage de communication dans l’équipe". "Il faut aussi déléguer", ajoute-t-il : "Les vendeurs peuvent très bien gérer une partie de mon administratif".
Un système attractif pour les nouvelles recrues
Le groupe compte près d’un millier de salariés, qui sont tous soumis au régime des 32 heures, mais payées 35. Hormis certaines boutiques, les parties créatives, administratives ou logistiques n’ont pas eu besoin de bras supplémentaires. "J’ai des salariés heureux de venir, je dirais que j’ai gagné sur tous les plans", se félicite Laurent de la Clergerie, président du groupe LDLC, qui voit aussi dans le système des atouts économiques pour son groupe. "Je n’ai pas dû recruter, c’est donc ultra-rentable pour la société", poursuit-il. "Je pense même que les salariés travaillent plus en 32 heures qu’en 35 sur quatre jours, car ils arrivent plus reposés, ils n’ont pas de perte de productivité dans la journée et sont toujours en forme."
Ce nouveau calendrier de travail pourrait aussi constituer un argument de poids pour attirer de nouvelles recrues. L’un des entrepôts logistiques de la chaîne JouéClub, à Cestas en Gironde, a proposé la semaine de quatre jours il y a un an, et les deux tiers de ses salariés ont choisi de l’adopter. "On a des véhicules qui s’usent moins, et d’un point de vue écologique c’est une super mesure, car 20% de déplacements en moins, c’est pas mal", pointe Richard Ducamin, responsable réception du magasin.
Ici également, les employés compressent leurs 35 heures en quatre jours. L’aménagement a convaincu Sandrine Michel, l’une des salariés, de postuler dans le groupe. "Je pense sincèrement que toutes les entreprises devraient être à ce même rythme", affirme l’agente administrative, tout en reconnaissant faire "de grosses journées, à près de neuf heures par jour". "Étant donné que l’on a une journée de repos, cela permet de relativiser et d’appréhender la semaine autrement", poursuit-elle.
Mécaniquement, les employés profitent d’un week-end de quatre jours toutes les cinq semaines, ce qui constitue un argument de poids pour Claude Vidal, le directeur de l’entrepôt, qui a une quinzaine de postes à pourvoir. "Recruter aujourd’hui n’est pas simple, et l’intérêt de passer à quatre jours est aussi d’être attractif pour le personnel qui souhaite nous rejoindre", souligne-t-il.
Selon une étude réalisée sur 1900 salariés français par l’entreprise ADP, rapportée par Les Echos, près d’un quart des Français seraient favorables à une semaine de travail de quatre jours : 21% d’entre eux souhaiteraient limiter le nombre de jours travailler contre des journées de travail plus longues et 6% accepteraient de baisser leur salaire pour travailler moins.
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