9500 hectares de vignes de la région de Bordeaux vont être détruits, un crève-cœur pour les viticulteurs.Le JT de TF1 est allé à leur rencontre.
Depuis l'annonce du gouvernement, Frédéric Arino ne décolère pas. Pour lui, les 6000 euros promis par hectare arraché sont insuffisants, comme il l'explique dans le reportage de TF1 ci-dessus. De cette prime "imposable", comme il le rappelle en nous montrant son vignoble de Pujols (Gironde), "il ne restera rien".
En échange de la promesse d'arracher leur vigne, les viticulteurs ont le choix entre deux procédés : convertir leur terre à d'autres cultures, ou laisser leur terre en jachère pendant vingt ans. Un manque de liberté contesté par Frédéric, comme par 350 exploitants du Bordelais réunis en collectif.
Au lieu de vendre à perte, on a préféré supprimer, à contrecœur bien sûr
Pierre-Etienne Garzaro
D'autres ont déjà opté pour l'arrachage, comme Pierre-Etienne Garzaro, que nous rencontrons sur ses terres à Baron (Gironde), à une quarantaine de kilomètres de là. Lui n'a pas attendu les primes pour arracher. Il nous montre une vaste étendue de blé qu'il a plantée après l'arrachage de 20 hectares de ses vignes. "Au lieu de vendre à perte, on a préféré supprimer, à contrecœur bien sûr, mais il fallait retrouver un équilibre financier", explique-t-il.
Crise de surproduction
Le plan d'arrachage annoncé par le gouvernement le 5 juin va s'appliquer à 9500 hectares de vignes du Bordelais. Une mesure insuffisante pour éviter la surproduction du vignoble, selon ses détracteurs, dont beaucoup jugent aussi la prime insuffisante. Le ministre de l’Agriculture et les représentants des vins de Bordeaux ont signé le déblocage d'une enveloppe de 57 millions d'euros pour "dé-densifier" le vignoble bordelais, en proie à une grave crise de surproduction.
L'autre souci des autorités est d'empêcher la prolifération de la flavescence dorée en cas d'abandon massif des cultures. Cette maladie de la vigne est due à une bactérie dont la propagation est favorisée par l'arrêt des traitements sur les parcelles abandonnées. C'est ce qui justifie la politique d'arrachage et d'aide à la transformation des terres qui se profile, pour éviter un abandon pur et simple des vignes par des agriculteurs acculés.
Dans le premier vignoble AOC de France, avec 110.000 hectares de vignes cultivés, les appellations les moins prestigieuses souffrent d'un effondrement des prix, et d'une surproduction évaluée à un million d'hectolitres. En janvier dernier, plus d'un vigneron girondin sur trois se déclarait en difficulté auprès de la Chambre d'agriculture. Les opérations d'arrachage annoncées ce lundi devraient avoir lieu après les vendanges 2023, au mois d'octobre.
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