Jusqu'où ira l'intelligence artificielle ?

VIDÉO - Si vous occupez un de ces métiers, vous ne serez jamais remplacé par une IA

par Maëlane LOAËC | Reportage TF1 Justine Corbillon, Jean-François Drouillet et Erinna Fourny
Publié le 14 juin 2023 à 17h47, mis à jour le 14 juin 2023 à 18h00

Source : JT 20h Semaine

L'intelligence artificielle pourrait remplacer de nombreux emplois dans les prochaines années.
Si la puissance de ce nouvel outil suscite des craintes, plusieurs métiers semblent tout de même prêts à lui résister.
Car des professions sont irremplaçables.

Quels sont les métiers qu’un logiciel ne pourra jamais remplacer ? La question taraude de plus en plus d'employés, à l'heure où la progression rapide de ces technologies bouleverse le marché du travail. Dans le reportage du 20H ci-dessus, une équipe de TF1 la pose à l'une des plus célèbres d’entre elles, ChatGPT, qui, de son propre aveu, n’a pas de "compétences émotionnelles et relationnelles". Contrairement aux "travailleurs sociaux, psychologues, conseillers et thérapeutes", liste lui-même le générateur artificiel de conversations.

Aux États-Unis et en Europe, l'intelligence artificielle (IA) générative pourrait déjà "remplacer jusqu'à un quart du travail actuel", en particulier les fonctions de bureau et les métiers administratifs, selon une étude de la banque américaine Goldman Sachs, publiée en mars. À l'échelle mondiale, elle estime que 300 millions d'emplois pourraient être menacés par ces outils. Mais certains emplois pourraient bien échapper à cette lame de fond.

"Gestes techniques" et "relationnel"

"Ce sont soit des métiers qui s'appuient sur des gestes techniques, soit qui relèvent beaucoup du relationnel : comme le coiffeur, le cuisinier, l’aide-soignant, le généraliste, le cordonnier, le plombier", explique à TF1 Isabelle Rouhan, présidente du cabinet de recrutement Colibri Talent et autrice du livre Les métiers du futur, publié aux éditions First.

Un constat partagé par OpenAI elle-même, la société à l'origine de ChatGPT. Dans une enquête publiée fin mars et menée aux côtés de l'université de Pennsylvanie, elle listait 34 métiers qui devraient être préservés de toute concurrence de l'IA à l'avenir. Parmi eux, nombre de fonctions techniques en effet, comme des mécaniciens, des réparateurs, maçons, carreleurs, tailleurs de pierre, plombiers, employés d'abattoirs... Mais aussi des métiers impliquant une performance physique, à l'instar des athlètes, ou un contact social, comme les serveurs et barmans.

"L'humain se consacre à la créativité, à la stratégie et à la tactique, et les robots font un travail de labeur"
Me Alain Bensoussan, patron du cabinet d'avocat "Lexing"

Pour tous les autres, le risque est de se voir remplacé directement par une IA, ou par des salariés qui maîtrisent ces outils. Dans son cabinet d’avocat parisien "Lexing", Me Alain Bensoussan ne recrute que des profils rodés au numérique. Il travaille lui-même entouré de plusieurs robots, utilise un assistant vocal, mais surtout, il recourt à un logiciel intelligent pour rédiger tous ses contrats, ses dossiers de plaidoirie, ses assignations... de façon quasi instantanée, lui faisant gagner plus de dix de travail par semaine. "Il va mettre une poignée de secondes, alors que cela aurait pris des heures à une secrétaire", explique-t-il. 

Sur ses 80 salariés, il n'a pourtant pas supprimé de postes. Si le patron embauche moins de secrétaires, il s'est en revanche entouré de davantage d'informaticiens, et a libéré du temps pour ses avocats. "L'humain se consacre à la créativité, à la stratégie et à la tactique, et les robots font un travail de labeur", insiste Me Alain Bensoussan. 

La formation aux outils, passage obligé ?

Sam Altman, le patron d'OpenAi, ne semblait pas dire autre chose lorsqu'il affirmait dès 2021 sur Twitter qu'avec l'IA, "moins de gens devront travailler au sens traditionnel du terme et les gens seront moins enclins à faire des emplois qu'ils n'aiment pas". Dans son étude, Goldman Sachs souligne ainsi "l'énorme potentiel" de ces outils numériques, estimant que le PIB annuel mondial pourrait grimper de 7% à l'avenir. "Nous venons d'accélérer de dix ans peut-être ce qui allait de toute façon se produire, mais il nous reste encore beaucoup de chemin à parcourir", avait toutefois mis en garde le créateur de ChatGPT.

Encore faut-il en effet se former à l'utilisation de ces logiciels. C'est ce que propose l'établissement Matrice L'École, dans le XVe arrondissement de Paris. Même les journalistes ressentent le besoin de se mettre à la page, à l'instar de Philippe Loranchet, qui travaille "depuis trente ans dans la presse écrite". "Maintenant que l'intelligence artificielle est capable d'écrire et de parler, comme des journalistes, moi j'apprends la langue des machines pour essayer de rééquilibrer les choses et joindre la compétence des chiffres à celle des lettres", explique-t-il, se disant intéressé par le "data journalisme".

Au cours de ces modules, il apprend le code, un langage informatique permettant de programmer un logiciel. Au terme de douze semaines de formation, ces élèves, pour la plupart en reconversion, pourront être embauchés comme analystes de données, l'un des métiers les plus recherchés aujourd'hui. D'après le dernier rapport du Forum économique mondial, publié en avril, six employés sur dix auront besoin de suivre une formation d'ici à 2027, pour s'adapter aux mutations du monde du travail en général. Mais pour l'heure, seuls la moitié des travailleurs semblent avoir l'opportunité de le faire.


Maëlane LOAËC | Reportage TF1 Justine Corbillon, Jean-François Drouillet et Erinna Fourny

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