ÉVASION – Les destinations ultramarines comme la Guadeloupe, la Martinique ou encore la Réunion sont des destinations prisées par les métropolitains. Au-delà de l’aspect idyllique et touristique, des ressortissants de ces trois départements d’outre-mer français, ainsi que d’autres originaires de Mayotte, nous parlent de leurs îles et font de l’intense chaleur humaine un lien qui les rassemble.
"Belle-Île-en-Mer, Marie-Galante. Vous c'est l'eau, c'est l'eau Qui vous sépare Et vous laisse à part", chante Laurent Voulzy. Dans ce morceau, le compositeur d’origine guadeloupéenne évoque les fossés l’éloignant des Franciliens qui l’entourent et le difficile métissage. Les Français d’origine ultramarine que nous avons interrogés perçoivent ces différences. Ils les ont principalement ressenties en arrivant en métropole. Le plus dur, s’adapter à leur nouveau mode de vie. Saya*, secrétaire de l’association des Mahorais d’Île-de-France, ne s’est pas sentie très à l’aise : "Je suis arrivée en métropole il y a 22 ans. La première année, je disais bonjour à chaque fois que je croisais quelqu’un. Les gens se demandaient ce qu’il m’arrivait. J’ai compris qu’ici, on ne dit pas bonjour comme ça, il faut connaître la personne. Chez nous, c’est automatique."
Convivialité et bienveillance
Hichma Stagia vient d’arriver de Mayotte. Étudiante en région parisienne, elle reconnaît que la vie en communauté de son île lui manque : "À Mayotte, j’appelle ma voisine tatie. Dans mon quartier, tout le monde se connaît. C’est très chaleureux, chacun peut compter sur les autres. On partage tout et on est très solidaire entre nous." Betty Cerveaux-Mayer anime la page Facebook "Réunion du monde" et fait des reportages photos et vidéos sur son île. La chaleur humaine, l’ambassadrice officielle de l’île ne manque pas non plus d’en parler : "A Paris, dans le métro ou dans la rue, il suffit que j’aperçoive un détail qui me fait penser que la personne que je croise est réunionnaise et j’entame une discussion avec elle." Alexandra Albéri, administratrice du groupe "J’aime la Guadeloupe", rappelle que les Guadeloupéens font l’essentiel de leurs activités dehors. Elle raconte que lorsque des riverains passent devant une maison, ils s’arrêtent pour discuter avec les habitants qui cuisinent, jouent ou se détendent sur le perron. Sous le soleil, naturellement.
Soleil et nature
La chaleur des rayons du soleil manque beaucoup au Martiniquais Olivier Ollon. Le surveillant de prison, poète à ses heures, s’en délecte déjà en apercevant les côtes caribéennes : "Dans l’avion, porté par les alizés, la pression atmosphérique change à mesure qu’on approche de l’aéroport. En sortant sur la passerelle, on sent la chaleur nous fouetter, nous étouffer. Même s’il pleut, il fait chaud. La pluie tiède est si agréable lorsqu’elle nous tombe dessus, c’est merveilleux." Des odeurs et des sons frappent davantage Alexandra lorsqu’elle arrive : "Je sens l’odeur de la végétation dès la sortie de l’avion. Les épices, les fleurs me transportent. Les Guadeloupéens portent des linges colorés, je sens qu’ils sont détendus et pas vraiment protocolaires. En arrivant en ville, j’entends de la musique devant chaque maison. On joue et on danse du matin au soir, souvent à côté de plats créoles qui mijotent et diffusent des odeurs incroyables."
Chez lui, dans le sud de la Martinique, Olivier se sent libre et fait corps avec la nature. "Je peux me rendre sur les bords de la rivière Lézarde à tout moment. Elle coule au Lamentin depuis les pitons du Carbet. On en profite pour pêcher des crevettes et des poissons pendant des heures."
La mer omniprésente
La plage, le Graal. Betty en parle avec émotion : "C’est sans doute la mer qui me manque le plus. Sur tous les coins de l’île de la Réunion, on peut voir la mer. Entre le volcan et la verdure, ça offre des paysages spectaculaires." Olivier contemple la variété des plages de sable foncé de pierres volcaniques dans le Nord de la Martinique et de sable clair dans le sud. La baie protégée d’un côté, la forte houle propice aux sports nautiques de l’autre. Moins réputé, le lagon mahorais revient souvent dans la bouche des locaux. Protégé par une double barrière corallienne, il abrite une riche biodiversité. À Mayotte, on s’y retrouve à la sortie de l’école ou du travail pour déguster des brochettes de viande et s’y prélasser. Dans les trois autres îles, la plage reste un lieu de rencontre, de partage et de vie.
Mélanges et métissages
À la Réunion, la diversité ethnique des locaux surprend toujours Betty : musulmans, hindous, chrétiens, chinois vivent en harmonie. "On peut croiser un grand blond aux yeux bleus comme le chanteur Danyèl Waro ou une femme noire ébène à l’image de l’artiste Christine Salem. Les mélanges ethniques sont courants. Au-delà de ça, on ne fait aucune différence entre les cultures religieuses", assure Betty. À la Réunion et à Mayotte, les autorités acceptent par exemple que les filles portent le voile à l’école. Le mélange des cultures se fait également sentir dans les Caraïbes, où les musiques restent marquées par des rythmes africains, du jazz européen ou du hip-hop américain. À la croisée des continents, ces îles tirent leur richesse du mélange incessant.
*son prénom a été changé
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