Chavirages, hypothermies et points de suture : les sauvetages les plus épiques du Vendée Globe

par Léa LUCAS
Publié le 1 décembre 2020 à 15h12

Source : JT 13h Semaine

SANS ESCALE NI ASSISTANCE - Chaque édition du Vendée Globe est marquée par son lot de péripéties. Avant celui de Kevin Escoffier par Jean Le Cam dans la nuit de lundi à mardi, voici 9 sauvetages qui ont marqué cette course depuis sa création en 1989.

Dans la nuit de lundi à mardi, le skipper en détresse Kevin Escoffier a dû monter sur son radeau de survie après une importante voie d'eau sur son bateau. Onze heures plus tard, il a été secouru par l'un de ses confrères, Jean Le Cam. Une grosse frayeur qui s'est finalement soldée par un dénouement heureux. 

Ce sauvetage rejoint une longue liste d'actes héroïques qui ont marqué le Vendée Globe, par ailleurs endeuillé par des drames, depuis sa création en 1989.

1989 : Loïck Peyron sauve Philippe Poupon

Le Fleury-Michon en détresse de Philippe Poupon, le 29 novembre 1989 prise au Cape Town.
Le Fleury-Michon en détresse de Philippe Poupon, le 29 novembre 1989 prise au Cape Town. - PHILIP LITTLETON / AFP

L'année de la création de la course, le sauvetage de Philippe Poupon marque les esprits. Le  le 29 décembre 1989, son monocoque se couche sur le flanc dans les 40e Rugissants après avoir pris une vague. Trois bateaux sont alors déroutés, mais c'est Loïck Peyron qui arrive le premier à sa rescousse. Il remorque le "Fleury Michon X" de Philippe Poupon, qu'il parvient à redresser, tout en filmant la scène. 

1993 : "Rambo" et ses points de suture

Bertrand de Broc montre sa langue en 2018 en référence à sa blessure de janvier 1993 lors du Vendée Globe.
Bertrand de Broc montre sa langue en 2018 en référence à sa blessure de janvier 1993 lors du Vendée Globe. - LOIC VENANCE / AFP

Blessé à la langue par une drisse de sa grande voile dans le sud de l'océan Indien, Bertrand de Broc se fait ses propres points de suture, aidé uniquement d'un miroir et des conseils à distance du médecin de la course Jean-Yves Chauve, en janvier 1993. Un épisode qui vaudra à cet ancien scout le surnom de "Rambo".

1996 : Pete Goss réchauffe Raphael Dinelli

Raphael Dinelli est sauvé par Pete Goss sur son bateau Aquaquorum, le 27 décembre 1996 au large de Perth, Australie.
Raphael Dinelli est sauvé par Pete Goss sur son bateau Aquaquorum, le 27 décembre 1996 au large de Perth, Australie. - WEST AUSTRALIAN / AFP

Cette édition est marquée par le violent naufrage de Raphael Dinelli, qui chavire deux fois le 25 décembre 1996 après avoir démâté dans l'océan Indien, au sud de l'Australie. Le skipper, dont le bateau est en train de couler, patientera 36 heures dans une eau à 3°. En hypothermie, c'est l'anglais Pete Gos qui parvient à le sauver, cramponné à un cordage, dans des conditions apocalyptiques. Le médecin de la course lui demande ensuite de prendre le rescapé avec lui dans son sac de couchage et de le réchauffer corps à corps pendant une douzaine d'heures.

1997 : Thierry Dubois et Tony Bullimore, naufragés à quelques heurs d'intervalle

Le sauvetage de Thierry Dubois et Tony Bullimore, le 13 janvier 1997 au large de l'Australie.
Le sauvetage de Thierry Dubois et Tony Bullimore, le 13 janvier 1997 au large de l'Australie. - BILL HATTO / WEST AUSTRALIAN / AFP

L'Anglais Tony Ballimore chavire dans l'océan austral. Il doit vivre cinq jours dans une poche d'air exiguë sous la coque renversée de son bateau, malgré l'hypothermie et la déshydratation. Blessé aux mains et aux pieds, il croit voir sa fin arriver, lorsqu'il entend une frégate australienne le 9 janvier 1997. Cette dernière le pousse à quitter son abri et à plonger dans l'eau glacée afin de rejoindre le monde des vivants. 

Le même jour que Tony Ballimore, Thierry Dubois chavire et est sauvé également par la marine australienne après avoir affronté pendant quatre jours l'océan Indien démonté sur un canot.

2008 : Yann Eliès se brise le fémur

Yann Eliès transporté à l'hôpital après s'être brisé le fémur, le 22 décembre 2008 à Perth, Australie.
Yann Eliès transporté à l'hôpital après s'être brisé le fémur, le 22 décembre 2008 à Perth, Australie. - GREG WOOD / AFP

Yann Eliès se brise le fémur et le bassin en décembre 2008, au large de l'Australie. Il doit faire des efforts surhumains pour se réfugier à l'intérieur de son bateau afin de s'auto-administrer des antidouleurs. Il attend les secours pendant 36 heures. Mais, c'est finalement Marc Guillemot qui se déroute, puis la marine australienne, pour évacuer le skipper.

2009 : Vincent Riou sauve Jean Le Cam

Jean Le Cam tente de récupérer la voile de "Actual", le 9 novembre 2009, au large de Cherbourg, en Australie.
Jean Le Cam tente de récupérer la voile de "Actual", le 9 novembre 2009, au large de Cherbourg, en Australie. - MARCEL MOCHET / AFP

En 2020, Jean Le cam a sauvé Kevin Escoffier. Onze ans plus tôt, le  5 janvier 2009, c'est lui qui s'était fait sauver la vie au large du Chili, suite à la perte de son bulbe de quille. Ce jour-là, il est au téléphone avec Vincent Riou, qui comprend instantanément la gravité de la situation. Celui-ci se déroute pour lui porter secours. Lorsqu'il arrive sur place, le skipper en difficulté s'est mis en sécurité à l'avant du bateau retourné, partiellement rempli d'eau. Vincent Riou parvient à le secourir, mais endommage son bateau dans la manœuvre. 

2012 : Bernard Stamm se lime une dent

Bernard Stamm à l'arrivée du Vendée Globe aux Sables-d'Olonne le 6 février 2013.
Bernard Stamm à l'arrivée du Vendée Globe aux Sables-d'Olonne le 6 février 2013. - OLIVIER BLANCHET / DPPI / AFP

Cette anecdote fait écho à celle de Bertrand de Broc dix-neuf ans plus tôt. Le suisse Bernard Stamm doit, lui aussi, se soigner tout seul après s'être cassé une molaire en mangeant. Les nerfs à vifs, il doit se limer la dent pour faire cesser la douleur. Une lampe frontale, une lime, un petit miroir et un coton tige ont été nécessaires pour cette opération improvisée mais réussie. 

2013 : Javier Sano tombe à l'eau

L'espagnol Javier Sanso sur son bateau en 2012 pendant une session d'entraînement pour le Vendée Globe.
L'espagnol Javier Sanso sur son bateau en 2012 pendant une session d'entraînement pour le Vendée Globe. - DPPI / AFP

Le bateau de Javier Sanso gîte brutalement le 3 février 2013, au sud du Portugal. Il est projeté à l'eau et voit le bateau chavirer. La quille se brise. Il réussit néanmoins à nager jusqu'au tableau arrière, à activer sa balise de détresse, à mettre à l'eau son radeau de sauvetage et à y prendre place. Il ne peut se munir ni de sa combinaison, ni de son kit de survie, ni emporter sa balise. Repéré par un avion de reconnaissance six heures plus tard, il attend encore près de six heures avant d'être hélitreuillé. 

2016 : Kito de Pavant heurte un cachalot

Le sauvetage de Kito de Pavant après avoir heurté son bateau à un cachalot.
Le sauvetage de Kito de Pavant après avoir heurté son bateau à un cachalot. - JULIEN LEPRINCE / VENDEE GLOBE / AFP

Au sud-ouest de l'océan Indien, Kito de Pavant fait une mauvaise rencontre marine : il heurte un cachalot qui rompt la quille et endommage la coque de son bateau. Une voie d'eau importante se déclare. Le skipper n'a d'autre choix que de demander une assistance. Un navire de ravitaillement des Terres australes et antarctiques françaises le récupère le 7 décembre 2016. 


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