Notre tout petit bateau passe paisiblement sur la mer Adriatique, cerné par les silhouettes massives des montagnes, dont les sommets culminent à 2 000 mètres d'altitude. Bienvenue dans les bouches de Kotor, l'une des plus belles baies du monde.
Ce décor magique fait la fierté des Monténégrins comme Ivan, notre capitaine. Il est né ici, dans l'un de ces villages côtiers. Il vit du transport des touristes et de la pêche à la ligne. Les bouches de Kotor sont une ria, le lit d'un ancien fleuve envahi par la mer. L'eau de pluie qui dévale les montagnes se mêle à l'eau salée dans des canyons d'une cinquantaine de mètres de profondeur. Un paradis pour les poissons.
Au milieu de l'eau se trouve Notre Dame du Rocher, l'île la plus célèbre de l'Adriatique. Les habitants de la région ont construit cette île artificielle pendant deux siècles. D'après la légende en 1452 à cet endroit précis, une icône de la vierge a été trouvée sur un récif. Elle aurait permis de guérir un pêcheur mourant. Autour de ce simple rocher, des milliers d'autres ont été apportés pour former cet îlot, puis une église y a été érigée. Le prêtre catholique qui le garde célèbre trois ou quatre messes sur l'île dans l'année, plus une vingtaine de mariages, principalement d'étrangers qui veulent en mettre plein la vue à leurs invités.
Kotor, la cité la plus puissante de la région, celle qui a donné son nom à toute la baie. Elle ressemble un peu à Venise, car l'empire vénitien a dirigé la cité pendant 400 ans. On peut ressentir l'atmosphère de cette époque dans toute son architecture. Des dizaines de clochers, des placettes au charme fou, des ruelles tortueuses, et surtout ses cinq kilomètres de remparts qui surplombent la ville et l'ont toujours protégé des invasions ennemies. Une cité épargnée par les guerres et les batailles, mais pas par les éléments. 1979, toute la côte du Monténégro subit un violent tremblement de terre. À Kotor, tous les édifices dévastés seront rebâtis à l'identique. Mais dans le village voisin de Risan, 42 ans après la catastrophe, ses traces sont encore bien visibles. Par chance, au fond d'un musée, un trésor de l'humanité a résisté.