Le pin cembro pousse au-dessus de la station de ski de La Plagne en Savoie. Au fil des millénaires, il s'est adapté aux conditions très rudes de la vie en altitude. Pour se reproduire, il doit compter sur un oiseau dont la mémoire flanche de temps en temps
Au royaume de glace, à 2 300 mètres d'altitude, il grimpe, à l'assaut des montagnes, là où aucun autre ne peut survivre. Aux portes de La Plagne, voici l'une des plus hautes forêts de France. Une forêt de pin cembro, curiosité biologique qui intrigue les scientifiques depuis deux siècles. Un terrain très instable, mais le pin cembro est un équilibriste. Forestier depuis vingt ans, Jean-Luc se passionne pour ce prodige des montagnes qui pousse à même la roche et qui se nourrit comme un ermite. Dans cette forêt, certains ont plus de 400 ans.
Et pour vivre dans des conditions aussi extrêmes, le pin cembro a un allié : le casse-noix moucheté. C'est un oiseau jardinier, bâtisseur de forêt. Assez sombre, il a des tâches blanches partout sur le corps. Il se nourrit de graines qu'il trouve dans le cône du pin cembro. Une fois les graines stockées dans son bec, le petit oiseau cache son butin dans le sol à des kilomètres à la ronde pour se constituer des réserves. Mais la mémoire lui fait parfois défaut. Grâce à ces oublis, les graines peuvent parfois germer. Dans les années 60, une partie de la forêt fût arrachée pour construire des pistes de ski. Sous la pression de l'Union européenne, elle est maintenant classée site naturel remarquable. À l'emplacement d'une ancienne remontée mécanique, 150 arbres ont été replantés.
Aujourd'hui, les accompagnateurs en montagne tentent de sensibiliser les vacanciers à la protection de ce milieu naturel. Pour les scientifiques, la forêt de La Plagne est aujourd'hui un exemple de coopération entre un arbre et un oiseau.