REPORTAGE - L'écotourisme, qui ne représente toujours qu'une faible part du tourisme mondial, séduit une partie des professionnels d'Ibiza. Car pandémie oblige, l'île espagnole doit se réinventer.
À l'heure d'envisager leurs vacances, nombreux sont les touristes à envisager de partir se reposer, explorer ou faire la fête tout en respectant l'environnement. Une ambition qui pourrait bien s'imposer comme une nécessité : d'après notre ministère de la Transition écologique, "le tourisme est à l’origine de 5% des émissions mondiales de gaz à effet de serre", alors même que cette empreinte carbone est amenée à croître avec l'augmentation des voyages.
En Europe, et plus précisément en Espagne, un endroit tente donc de se réinventer : Ibiza. Comme l'ensemble du pays, l'île a été confrontée à une baisse drastique du tourisme, directement liée à l'épidémie de Covid-19. Elle s'est donc en partie mise au vert.
Antoni Mari, le maire de Sant Joan de Labritja, au nord-est d'Ibiza, a ainsi souhaité repenser le tourisme de sa commune. "Nous sommes dans la zone la plus authentique de l'île, la plus protégée, la mieux conservée", assure-t-il à TF1, dans la vidéo en tête de cet article.
L'élu a donc fait passer un décret pour empêcher la construction de toute nouvelle boite de nuit sur son territoire municipal. "Sans cette décision, une discothèque aurait pu apparaître juste ici", précise-t-il en désignant un endroit où l'eau bleue côtoie de superbes rochers. Car pour le maire, "Ibiza a déjà suffisamment de boites de nuit". "Je crois qu'il faut y mettre une limite et se diversifier", poursuit-il. "Je suis convaincu que c'est ça le tourisme du futur."
"On sort des sentiers battus"
Désormais, le seul moyen de s'établir sur ces côtes est de récupérer un bâtiment préexistant. Et c'est ce qu'a fait Pierre Traversier, un ancien basketteur originaire de région parisienne, avec un ancien club de plongée transformé en hôtel. "Ce bâtiment était abandonné et on en a fait quelque chose de différent de ce qui existe sur l'île, en tout dans le domaine de l'hôtellerie. On sort des sentiers battus", précise le chef d'entreprise.
L'établissement, qui affiche complet tout l'été, ne dispose toutefois que de neuf chambres. Alors, pas de tourisme de masse ni de voisins. "Il n'y aura jamais aucun bâtiment, aucune entreprise qui pourra édifier un hôtel en face. On a un tourisme plutôt vert, plutôt nature", indique aussi Pierre Traversier.
"Un paradis sur Terre"
Ce pari du vert, c'est aussi celui de Monique Tjon Capdevielle, du centre de randonnée équestre Ibiza horse valley, également situé à Sant Joan de Labritja. Lorsqu'elle est arrivée il y a douze ans, elle a tout de suite su que c'était sur l'île espagnole qu'elle allait bâtir le rêve de sa vie. "Ici, c’est un sanctuaire pour des chevaux qui ont été maltraités et abandonnés. On les recueille et on leur donne une deuxième chance", explique-t-elle.
Avec ses 15 équidés, elle propose des excursions en pleine nature aux visiteurs. "C'est un paradis sur Terre. Le cheval vous donne une sensation de liberté. Vous explorez ces paysages avec un animal et c'est l'aventure", savoure-t-elle pour TF1.
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Comme elle, Christopher Dews s'est installé à l'intérieur des terres d'Ibiza. Il y a 36 ans, il a créé un écrin de verdure, une ferme totalement autosuffisante : l'écovillage La casita verda, situé à Sant Josep de sa Talaia. Il vit donc avant tout de ses récoltes, mais il lui arrive d'accueillir quelques rares visiteurs à qui il espère donner des idées. "Tout ce qu'on fait ici est bon pour la planète. Alors, si ça doit inspirer des gens à faire pareil chez eux, tout le monde sera gagnant", estime-t-il.
Ce passage au vert, d'autres l'avaient anticipé jusqu'aux moyens de transport. Sur des eaux connues pour les jet-skis et les yachts gigantesques, Maarten Bernhart a fait le pari du catamaran électrique. Les bateaux de son entreprise La bella verde fonctionnent uniquement grâce à des panneaux solaires, même si ce confort a un coût : 60 euros par personne. "On n'a jamais besoin de retourner au port pour recharger. On a tellement de soleil ici qu'on ne sera jamais à court", nous explique-t-il.
Cette révolution verte, au-delà de son intérêt environnemental évident, pourrait aussi séduire des touristes qui se sont faits rares ces derniers temps. Alors que l'Espagne avait accueilli 83,5 millions de visiteurs étrangers en 2019, ce qui en faisait la deuxième destination touristique mondiale, le pays a vu sa fréquentation chuter de 77% l'année suivante, en raison de l'épidémie de Covid-19.